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 Exemple de plaidoirie

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catseyes85
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MessageSujet: Exemple de plaidoirie   Mer 11 Juil - 11:54

Bonjour,

Les professeurs et moi même allons poster nos plaidoiries sur une affaire rédigée pour l'Ecole que vous retrouvez pour l'EXERCICE : témoignages et plaidoirie.

Cela vous permettra de visualiser ce que l'on peut attendre d'une plaidoirie.


Attention ce que nous faisons ne correspond pas à une bonne ou mauvaise réponse, il y a autant de plaidoiries possibles qu'il y a de plaideurs!
Chacun de vous à son propre style et chaque juge à sa façon de verdictionner et donc d'envisager l'affaire.

Une plaidoirie et son verdict ne peuvent être totalement objectifs. Dîtes vous qu'il y aura toujours une partie de subjectivité.

Donc je vous remets l'affaire en question et chaque professeur postera son choix de témoignage, sa plaidoirie et décrira comment il a fait s'il le souhaite...

Ce topic ne sera pas fermé et sera ouvert à la discussion, si vous souhaitez poser des questions.



Faites des gosses qu’il disait !

M. Mary Jones est mère de quatre petits garçons. Un soir de la semaine, alors que son mari travaille, les quatre enfants se retrouvent tous aux Urgences, les uns après les autres, pour chute et commotion cérébrale. Mme Jones disparaît alors pendant plus de douze heures dans la nature. Aux policiers elle expliquera qu’elle « a craqué »! M. Mary Jones est accusé devant la cours de Dallas par son mari pour abandon et mauvais traitement envers ses enfants. Celui-ci a également déposé une demande de divorce. Vous lui êtes commis d’office : vous devez lui obtenir la peine minimale et lui obtenir un soutien favorable pour le divorce.




1ère série :

Témoignage d’une voisine de la famille.

-Bonjour Madame, connaissez vous la famille Jones depuis longtemps ?
-Et bien cela fait deux ans qu’ils se sont installés à coté de chez nous.
-Et quelles sont vos relations avec cette famille ?
-Oh vous savez ce sont des gens très gentil, M.Jones est un homme travailleur et Mme Jones a bien du courage pour élever quatre garçons aussi... heu
-Oui ?
-Et bien... heu ... turbulents je dirais !
-Qu’entendez-vous par « turbulents » ?
-Ce sont des enfants très... heu... vifs, il courent beaucoup, ils crient beaucoup et j’ai cru comprendre qu’ils faisaient beaucoup de bêtises !
-Des bêtises ?
-Oui, ils ont quand même réussi à arracher le portillon de leur jardin et dernièrement ils ont peint le chien en bleu.... Mme Jones était vraiment en colère ! Au prix du toilettage je la comprend, moi-même, pour mon Bichon-maltais je...
-Oui très bien mais revenons à nos affaires, vous dîtes que la prévenue était très en colère, mais qu’en est-il de son mari ?
-Oh vous savez, il est très travailleur M.Jones, il rentre souvent tard chez lui. Souvent je crois bien que les enfants sont déjà couchés.
-Je vous remercie.

Témoignage du médecin urgentiste.

-Bonjour Docteur, vous avez accueilli les enfants, quels ont été vos diagnostics ?
-Commotion cérébrale... un choc sur la tête si vous préférez. Vous savez des commotions cérébrales chez les enfants ce n’est pas rare. Mais quatre enfants d’une même fratrie. Oui je me suis posé des questions.
-Et vous avez appelé la police ?
-Non et oui ! s’il y a des suspicions de maltraitance je dois prévenir les services sociaux vous savez et ce sont eux qui décident du reste. Moi j’ai décidé d’appeler le père. M.Jones est arrivé et je lui ai fait part de mes doutes
-Quels doutes ?
-Que les accidents des enfants n’étaient pas forcément des accident, si vous voyez ce que je veux dire.
-Vous parlez donc de maltraitance de la part de la prévenue?
-Oui
-Pourquoi n’avez vous pas soupçonné aussi le père des enfants ?
-Parce que Mme Jones m’avait dit que son mari était souvent absent et puis... elle s’est enfuit !! on ne s’enfuit pas quand on a rien à se reprocher !
-J’en ai terminé.

2ème série

Témoignage du Mr Jones, mari de la prévenue.

-Monsieur Jones, vous accusez votre femme de mauvais traitement envers vos enfants ?
-Oui c’est cela ! Comment expliquer autrement que mes trois enfants ce soient retrouvés à l’hôpital ?
-Trois ?
-Heu... quatre, je voulais dire quatre... j’ai quatre enfants.
-Monsieur Jones êtes-vous souvent à la maison ?
-Je travaille moi ! C’est vrai que je rentre tard le soir mais je travaille pour subvenir à leurs besoins !
-Et le week-end ?
-Quoi le week-end ?
-Qui s’occupe des enfants le week-end ?
-Je travaille toute la semaine moi ! le week-end je me repose ! Ma femme ne fait rien de ses journées et elle est même pas foutu de surveiller nos enfants !
-Monsieur Jones, avez-vous déjà changé les couches de vos enfants ? Leur avez-vous déjà donné le bain ? Avez-vous simplement déjà joué avec eux ?
-Mais c’est le boulot de ma femme ça ! Je travaille bien assez comme cela !
-Bien. Une dernière question : vous aviez demandé le divorce bien avant cette affaire et il semblerait que ce soit pour une autre femme... votre associée ?
-J’ai demandé le divorce mais je nie toutes relations avec une autre femme !
-Je n’ai plus de questions.

Témoignage de Mr Jones, mari de la prévenue. Variante

-Monsieur Jones, vous accusez votre femme de mauvais traitement envers vos enfants ?
-Oui, ma femme depuis un certain faisait preuve de négligence. La maison était dans un état déplorable. Et je dois dire que je m’inquiétais pour la santé de nos enfants.
-Savez-vous pourquoi le comportement de votre femme a changé ?
-Oh, je pense que cela a un rapport avec la demande de divorce que j’ai déposé.
-Vous souhaitiez divorcé d’avec votre épouse ?
-Oui, vous savez quand vous n’avez plus de sentiments pour une personne la cohabitation peut devenir tendue et je ne voulais pas imposer nos disputes et cette ambiances à mes enfants.
-Monsieur Jones vous semblez soucieux du bien-être de vos enfants, pourtant il semblerait que vous étiez très peu présent à votre domicile ?
-C’est vrai que je travaille très tard. Mais j’ai quatre enfants à nourrir et une femme sans emploi. Je devais donc accumuler les heures de travail supplémentaires pour pouvoir subvenir à leurs besoins.
-Et le week-end, vous occupiez-vous de vos enfants ?
-J’aurais été ravi de le faire, mais pour les mêmes raisons que je viens de vous donner, je devais emmener du travail supplémentaires chez moi et je devais travailler à la maison. Je regrette sincèrement ne pas avoir pu m’occuper plus de mes enfants. Mais si je suis dans ce tribunal c’est pour empêcher que ma femme ne recommence. Mes enfants n’ont rien eu de grave, mais qui sait ce qu’il pourra leur arriver la prochaine fois.
-Merci, j’ai terminé.

3ème série

Témoignage de la mère de la prévenue.

-Mme Carrick, vous étiez présente au domicile de la prévenue le soir où vos quatre petits-enfants se sont retrouvés aux urgence. Pouvez-vous nous raconter le déroulement de la soirée ?
-Bien sûr ! Je suis arrivée chez ma fille et mon gendre vers 19h00 ce soir là, Patrick (mon gendre) n’était pas là, comme tous les soirs, et ma fille était en train de faire manger mes petits trésors. Vers 19h30, elle leur a laissé une demi-heure environ pour jouer avant d’aller se coucher. Et là tout est allé de mal en pis !
-Comment cela ?
-Et bien au bout de dix minutes on a entendu un bruit sourd et des pleurs, Jonathan était tombé de son lit à étage ! Mary m’a alors demandé de gardé les trois autres enfants et a emmené aux urgences le petit. Pendant qu’elle était partie c’est Kévin et Allan qui sont tombés du lit ! J’ai du demandé à mon mari de venir rapidement chez notre fille pour qu’il emmène Kévin et Allan aux urgences, moi je n’ai pas le permis ! Heureusement que nous habitons dans le même quartier ! Bref, Mon mari venait de partir que ma fille est revenue, ils avaient gardé Jonathan en observation. Elle est devenue blanche quand je lui ai raconté pour ses deux autres fils. Puis un quatrième bruit... Cette fois c’était Nicolas !! Et toujours de ce même lit !!! Alors Mary est repartie avec son fils aux urgences... elle était en larmes.
-Cette histoire est vraiment... heu... rocambolesque !
-Je l’admet mais c’est la pure vérité et mon mari pourra confirmé !! Vous savez ce sont des enfants hyperactifs.
-Je vous remercie.

Témoignage d’un des policiers ayant retrouvé Mme Jones.

-Bonjour, Monsieur Harris. Vous êtes le policier qui a interrogé ma cliente juste après l’avoir retrouvé.
-Oui, Mme Jones a disparu pendant 12 heures, puis nous l’avons retrouvé dans un café.
-Elle buvait ?
-Oui... du café, elle devait en être au moins au quizième.
-Que vous a-t-elle dit ?
-Elle pleurait beaucoup, elle nous dit qu’elle était une mauvaise mère, qu’elle ne savait pas s’occuper de ses enfants. Que s’ils étaient à l’hôpital c’était de sa faute.
-Cela vous a suggéré qu’elle ait pu maltraité ses enfants ?
-Non, une mère inquiète se remet toujours en question. Ce qui nous a mis sur la piste c’est qu’elle n’a pas voulu aller voir ses enfants. Nous lui avons proposé et elle a refusé. La fuite et ce refus, cela nous a mis la puce à l’oreille.
-Avez-vous également interrogé M. Jones, le mari de la prévenue ?
-Oui et il nous a clairement fait comprendre qu’il n’avait plus confiance. Il nous a dit qu’il se doutait que sa femme faisait preuve de négligence vu l’état de la maison. Il était réellement choqué et très en colère.
-Merci. J’en ai terminé.

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MessageSujet: Re: Exemple de plaidoirie   Mer 11 Juil - 12:06

Témoignages choisis :
- 1ère série : Témoignage de la voisine (N°1)
- 2ème série : Premier témoignage du mari (N°1)
- 3ème série : Témoignage de la mère de la prévenue (N°1)


Plaidoirie :

Monsieur le Juge, Mesdames et Messieurs les jurés.

Qui accusons-nous aujourd’hui ? Une femme abandonnée, esseulée, trompée et abusée… et pourtant une femme combattante, courageuse et dévouée !
Comment peut-on accepter que cet homme, qui a eu le bonheur de l’avoir pour épouse, la traîne devant nos tribunaux ! Et pourquoi ? Pour une horrible accusation de maltraitance !

Mesdames et messieurs les Jurés vous n’êtes pas sans savoir que la question de la maltraitance infantile n’est pas sujette à plaisanterie ! Et pourtant cet homme vil et manipulateur s’en sert ouvertement pour gagner son petit divorce !
Oui, vous avez le droit d’être interloqués, choqués voire horrifiés chers Jurés.

Cette femme méritante élève seule ses quatre petits garçons, je dis bien seule. Ils ont un père certes mais un père qui « rentre souvent tard chez lui » quand « les enfants sont déjà couchés ».
Un homme qui considère que les femmes au foyer ne font « rien de [leurs] journées », qui ne s’occupent pas de ses enfants le week-end… je ne parle pas seulement de faire le dîner ou de ranger la maison, je parle de jouer, de passer du temps avec ses fils ! Non cet homme ne le fait car « c’est le boulot de [sa] femme ça ! [qu’il] travaille bien assez comme cela ! »… Cet homme considère que donner de l’amour à des enfants est un travail, peut-être même une corvée !
Un père qui a demandé le divorce pour une obscure amante ? Un père qui abandonne sa femme et ses enfants… voici de quoi est faite l’accusation.

Cet homme a laissé cette femme faire front à la vie et essayer d’élever quatre garçons particulièrement dynamiques voire hyperactifs qui n’hésitent pas à arracher un portillon, à exprimer leur créativité sur un pauvre chien, à jouer sur un lit double et ce fut la fois de trop…

Un concours de circonstances, le destin, la fatalité, la faute à pas de chance, appelez cela comme vous voudrez, Monsieur le juge, Toujours est-il que ce soir là ces quatre enfants se sont retrouvés aux Urgences parce qu’ils sont tombés de ce lit double ! La mère de ma cliente peut l’attester : Jonathan est d’abord tombé, puis Allan et Kévin et enfin Nicolas… Où était Mr Jones à ce moment là ? Au travail ? Dans les bras de son amante ? On peut même imaginer qu’il prenait un verre au bistrot avec ses amis !

Toujours est-il qu’il n’était pas là, que ma cliente a du affronter seule les urgences, craignant pour la santé de chacun de ses enfants.
Ajoutez à cela la fatigue accumulée par le dur labeur du quotidien, le sentiment d’abandon de son mari et vous obtenez une femme détruite, désespérée, culpabilisée, épuisée qui a eu besoin de s’évader de cette vie imposée par un mari peu attentionné qui l’a abandonné!

Monsieur le Juge, ma cliente aime profondément ces enfants, mais n’importe quelle Maman dans ces conditions aurait pu craquer. Je vous demande de ne pas retenir les accusations portées à l’encontre de ma cliente et de l’acquitter.

Je vous remercie de votre attention.

Ma technique :

Interpeller, émouvoir et choquer le Juge et les jurés.

Rien ne sert de prouver par A+b que les accusations sont infondés, les témoignages suffisent pour cela. J’ai donc juste signalé qu’il y avait des témoins confirmant la version de ma cliente, et j’ai décidé d’appuyer le coté victime de ma cliente afin que non seulement à la fin de ma plaidoirie on déclare ma cliente non coupable mais qu’en plus le Jury ressente de la colère contre cet homme.

Alors vous pouvez me dire que j’en fait trop… Oui c’est vrai mais en même temps c’est ce qu’on vous demande lorsque vous plaidez ! Il faut vraiment imaginer que vous êtes dans un tribunal.

Les juges récompensent plus facilement quelqu’un de passionné que quelqu’un qui déballe ses arguments comme une liste de courses.

Je n’ai pas cité le troisième témoignage choisi, c’est un choix de ma part, le témoin raconte fort bien et dans tous les détails le déroulement de la scène, le point qui m’intéressait c’est que j’avais deux témoins confirmant que ce n’était que des accidents arrivés tous le même soir !

Evidemment je n’utilise pas la même technique pour toutes mes plaidoiries, mais je dois dire que j’affectionne celle-ci particulièrement.
J’écris beaucoup parce que j’aime beaucoup ça. Après quelqu’un peut très bien faire aussi bien que moi et bien mieux avec moins de lignes !

Après je ne peux pas être bonne juge de mon travail car je ne suis absolument pas neutre avec mes propres plaidoiries.

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