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Extrait du site http://www.quartierlatin.fr - Fascicule « Nuits Blanches », N° 3.
LA
NAISSANCE DE L'ÉCRIVAIN-VAGABOND Panait
Istrati quitte la Roumanie le 30 mars 1916 et part pour la Suisse, où il
restera pendant quatre années « seul et trop malheureux dans le plus beau pays
du monde où je fus près d'être vaincu par l'isolement ». Mais, il connaît
en Suisse des moments pénibles, notamment un court séjour dans un asile de
nuit, qu'il rencontrera dans son admirable nouvelle: Une Rencontre. Un écrivain
va naître... Maintenant,
Istrati va errer de par le monde, visitant, malgré les pires difficultés matérielles
et financières, les pays méditerranéens, l'Europe, l'Afrique du Sud,
s'embarquant souvent clandestinement sur des bateaux d'où il était parfois
expulsé dès la première escale ou sur lesquels il trouvait un petit travail -
il sera ainsi valet de chambre, photographe ambulant. Ainsi, au fil de ses
vagabondages, enregistre-t-il les observations qu'il rendra par la suite dans
ses romans avec le réalisme brutal qu'on lui connaît et une originalité
puissante. En
janvier 1921, Istrati est à Nice. il se tranche la gorge dans le parc Albert
1er. «
Aujourd'hui commence l'année 1921, mais pour les autres. Pour moi c'est le
commencement de la fin. &.t-il besoin de s'expliquer, lorsqu'on se décide
à quitter ce monde? Non, on peut partir en silence, et ce serait, je crois, la
meilleure preuve de sincérité. Mais pour ceux de mes amis qui penseront, peut-être,
que ce fut à cause de quelques difficultés matérielles que j'ai commis cet
acte désespéré, je les prie de se rassurer. J'ai des raisons bien plus sérieuses,
et la plus forte de toutes c'est la faillite de l'amitié, de leur propre amitié.
» On
trouve sur son corps une lettre destinée à Romain Rolland qui sera transmise
à l'écrivain. Istrati échappe à la mort, et, à sa sortie de l'hôpital
Saint-Roch, il essaie de gagner sa vie comme photographe sur la promenade des
Anglais. N'ayant aucune autorisation de travail, il est à maintes reprises
emprisonné. Romain Rolland, ému par sa lettre, lui répond aussitôt, lui
demandant de lui adresser quelques-unes de ses textes. il l'encourage alors à
écrire, à continuer d'écrire, lui trouvant des talents de conteurs
extraordinaires et lui disant que, malgré quelques fautes, il lui fallait
persister. S'engage alors entre les deux hommes une correspondance abondante.
Romain Rolland lui écrit la préface de Kyra Kyralina, un roman qui eut aussitôt
un succès important, et qui sera par la suite le premier volume de la trilogie
autobiographique: Les Récits d'Adrien Zograffi, ( 1924-1926 ). Mais bien que
ces livres furent écrits en français, ainsi que les suivants, tels Les
Chardons du Baragan, Pour avoir aimé la terre, PanaIt Istrati reste un écrivain
roumain par les thèmes qui l'inspirent. Parmi les œuvres écrites dans sa
langue maternelle, il nous faut en citer deux essentielles: Poésie et avenir et
les Aveux d’un vaincu... Extrait
du site http://www.quartierlatin.fr -
Fascicule « Nuits Blanches », N° 3.
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