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Proposition
171
Pour : fr.groups.yahoo.com/group/atelier_1/
Bonjour,
Voici la proposition 171 : le pouvoir magique.
Enfant, on a tous rêvé de posséder un pouvoir
magique : être invisible, se trouver à 2 endroits à la fois, pouvoir voler,
...
Je vous propose aujourd'hui d'exploiter ce
rêve.
Choisissez *un seul* pouvoir magique (sinon c'est
trop facile) et donnez-le à un personnage (qui peut être vous-même ou
quelqu'un d'entièrement fictionnel).
Que se passe-t-il alors ? Comment le personnage
utilise-t-il son don ? Que lui arrive-t-il ?
A vous d'écrire le texte !
Vous avez évidemment toute latitude pour le choix
du pouvoir magique et ses conditions d'utilisation, classiques ou fantaisistes!
Valérie.
Le
temps est élastique
Ne dit-on pas «un instant de bonheur» ou «un long
calvaire» ?
Enfant, je voulais toujours que les choses arrivent
plus vite.
Bien sur, je n’étais pas le seul : tous les
enfants n’attendent-ils pas impatiemment Noël ou les vacances, ou l’heure
de la récréation ou celle du goûter ?
Moi, ce dont je rêvais, c’est de disposer d’une
manette pour pouvoir arrêter le temps, ou, du moins, le ralentir ou l’accélérer
à volonté, un peu comme mon père pouvait régler la vitesse de notre voiture…
Je m’indignais jusqu’à la colère, de mon impuissance à faire venir les
bonnes choses plus tôt, ou à les faire durer plus longtemps, alors que, d’un
autre coté, les mauvaises, comme les cent lignes à écrire comme punition, me
semblaient ne jamais devoir finir.
Plus tard, j’ai lu cette nouvelle de Dino Buzzati
(dans « Le K », je crois), où l’Enfer est un lieu où les gens
semblent vivre comme sur terre, mais où le Diable, à l’aide d’un levier
semblable à celui d’un aiguillage, a le pouvoir de ralentir, arrêter, ou
accélérer à l’extrême les mouvements de la foule. En cela consistait la
punition des pécheurs : flotter tous ensembles, comme des bouchons sur une
mer capricieuse, dans l’océan du temps, être emportés par une vague
monstrueuse, ou stagner, inertes, dans un calme blanc suffoquant de chaleur
moite…
Dans une autre nouvelle de cet auteur, tirée de
« L’écroulement de la Baliverna », un savant fou invente une
« machine à arrêter le temps,» pour permettre aux habitants de la ville
où elle est installée de prolonger leur vie. Mais cette machine fonctionne
dans les deux sens : il suffit d’un rien pour la dérégler, et le temps,
au lieu de ralentir, s’accélère jusqu’à l’infini, « et quelques
secondes avaient suffi pour engloutir un quart de siècle.»
Plus tard encore, j’ai appris que le temps n’était
qu’une quatrième dimension de l’espace, qu’on pouvait imaginer, en s’éloignant
de la terre à une vitesse proche de la lumière, y revenir ensuite, pour
retrouver notre monde plus vieux de quelques dizaines ou centaines d’années.
Et qu’on peut également, en observant des galaxies très éloignées,
recevant la lumière qu’elles ont émise, savoir comment était notre univers
il y a quelques millions d’années.
Nous voilà bien loin de mon rêve d’enfant, comme
je suis loin de cet age de rêve, et la vie m’a appris une chose que tout le
monde finit par savoir : le temps a une étendue propre à chacun de
nous : plus on vieillit, plus il s’accélère.
Je ne sens plus le temps passer : j’oublie ma
casserole sur le feu, le printemps est déjà là, mais non ! C’est l’été !
Je mène une course contre le temps pour finir ce que je voudrais faire dans
cette vie trop courte, et je voudrais, comme les pharaons, laisser ma petite
pyramides pour que le temps ne m’oublie pas.
Cloddy
Vos
commentaires ?
Vos
commentaires ?
Jolie dissertation sur le temps. Oui, laisser sa petite pierre avant de
partir, ce ne serait déjà pas si mal, ce serait un hommage à ceux que l'on
quitte. J'ai toujours été fascinée par l'élasticité du temps aux diverses
époques de la vie. Le temps est un chewing-gum qui colle aux dents au début,
s'étire sous nos petits doigts, puis finit en peau de chagrin dans le sillage
des nôtres. "Le temps est assassin et emporte avec lui le rire des
enfants". Mais il reste parfois, et bien des années après, tout au fond
de la boîte, quelques "Mistrals gagnants " qu'on avait oubliés.
Il suffit simplement de bien chercher ! CLOCLO
As-tu aussi
remarqué le mauvais goût que prend le chewing-gum si on le garde
trop long temps ? Cloddy
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J'aime
bien ce retour avec ce clin d'œil à Renaud;
pour Brassens le temps est
un barbare dans le genre
d'Attila
au cœur : où son cheval passe,
l'amour
ne repousse pas.
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Ce matin il m'est venu un Haïku :
Allons vers hier
Le temps est un élastique
Un hélas tic-tac.
Philippe.André
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Belle
réflexion philosophique sur l'élasticité du temps.... Avec Buzzati
comme référence! Difficile de trouver un meilleur exemple. Tu as
raison, c'est dans le K et plus exactement dans "voyage aux enfers
du siècle" qu'il évoque ce phénomène... Mais autant
j'approuve tes références, autant je pense que tu as tort de
considérer que l'entrée dans l'âge de sagesse nous éloigne de
celui des rêves..... Que nous resterait-il alors d'autre, que
cette horrible accélération du temps vers le néant ?.Chaque rêve
posé, rallonge la route qui file, comme autant d'escales, d'interstices
où glisser les souvenirs: les vrais et les faux, peu importe....
Ta réflexion est juste et élégamment formulée; mais pourquoi te
priver du temps de l'imaginaire, extensible à l'infini?
Pourquoi sommes-nous là à écrire? .... Peut-être pour construire de
dérisoires auberges espagnoles que le vent détruira après notre
passage... Qu'importe, si chaque halte est un peu de temps gagné sur la
mort!
Alors invente-nous cette machine à ralentir le temps qui file....Juste
pour le plaisir de "souffler" un peu....en sautant, le temps
d'une lecture, hors du tapis roulant Amitiés. Cath en 24h
Bien
de ton avis : il nous éloigne de l'age de rêve de l'enfance... Mais
les rêves d'aujourd'hui restent : Ils sont nourris de nos souvenirs.
...de nos lectures, de ce que nous tentons de fixer, comme une
photographie de cinéma, qui s'échapperait de la pellicule...
Alors "haltons-nous", pour gagner du temps. Cloddy
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Avec ton autorisation je te confisque la
formule "Haltons-nous pour gagner du temps!"
et pour rester dans le même esprit: Devise du jour "Plus on vit
longtemps et moins ça fera de temps à être mort." (JM Gourio)
Cath
Très
jolie devise, et pleine d'optimisme, comme chez P Desproges
"Rions un peu en attendant la mort "... Décidément, j'ai réveillé
de bien sombres pensées!!! (:-!) ... Je pense
aussi à Brassens avec sa Camarde qui ne lui a jamais pardonné...
Cloddy
Il y a aussi : "l'éternité, c'est
long, surtout vers la fin !" CLOCLO
C'est de Jean Yanne... Non ?
oui j'aime. C'est
Woody Allen..... l'auteur de celles-ci aussi :
"Je ne crois pas en l'au-delà mais j'emmènerai quand même des
sous-vêtements de rechange"
"Ce n'est pas que j'aie vraiment peur de mourir, mais je préfère
ne pas être là quand ça arrivera" Cath
Et de Léo spécialement pour les
amateurs de tango:
"Ah c'que les femm's ont pu me plaire
ah c'que j'ai pu... j'étais si beau
Faudrait pouvoir faire marche arrière
Comme on l'fait pour danser l'tango!" Philippe André
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Voici
quelques belles choses de dîtes sur le temps qui nous colle à la peau :
Connais tu une histoire flamande (je ne parle pas de ses minables histoires
Belges)... intitulée le poirier de Misère ? Misère possède un poirier dont
les garnements maraudent tous les fruits. Un jour la mort lui propose un marché
ton âme contre un piège à maraudeur ; aussitôt dit aussitôt signé ; les
maraudeurs restent prisonniers de l'arbre ; la mort qui a quelque client à récupérer
monte elle aussi dans l'arbre et y reste prisonnière ; le temps s'arrête
; plus personne ne meurt... Au début tout le monde se réjouit Misère y
compris ; mais peu à peu l'ennui gagne et chacun vient la supplier de désenchanter
l'arbre qui retient la mort... De guerre lasse Misère fini par désenchanter
l'arbre : le temps et la mort s'écoulent à nouveau... Ad. Novel
Très belle
histoire. Merci. Je la garde sur mes tablettes.... Cloddy.
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Merci
Cloddy pour cette écriture qui me plait beaucoup et pour ce temps de
méditation sur le temps. par rapport à la vitesse qui s'accélère à
mesure que l'on avance dans le temps l'idée mathématique m'a été
soufflée d'une relation entre la quantité de temps déjà vécue et la
durée de temps prise en considération, par exemple pour un homme de
cinquante ans, l'année en cours ne représente qu'un cinquante et
unième de sa vie alors que pour un enfant de cinq ans elle en
représente un sixième, ce qui est beaucoup plus long, pour un enfant
de deux ans la moitié, pour un centenaire le centième etc.. bon j'ai
une casserole sur le feu. Philippe André
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Un
peu en retard mais, je suis souvent en retard. Manque de temps ? Même
pas, mais certains textes demandent une plus grande attention, alors je
prends mon temps.
Mais quand tu dis "le temps a une étendue propre à chacun
de nous : plus on vieillit, plus il s'accélère", n'est-ce pas
plutôt que c'est la masse de choses que l'on veut faire qui mangent
notre temps ? Car une seconde, une minute ou une heure passent toujours
de la même façon. Tout dépend de ce que l'on en fait... Amitiés
Nicole
Bonjour
Nicole, Merci de ton intérêt. Ce qui "mange notre
temps", ne serait-ce pas plutôt les choses désagréable qu'on
est obligé de faire déclaration aux impôts, ménage et repassage...
au lieu de "prendre le temps de vivre".
Je
suis d'accord avec toi si nous parlons du temps "objectif",
celui qui s'écoule pour une horloge sans âme ni sentiment (encore
que la théorie de la relativité prétende qu'une horloge qui se déplacerait
à une vitesse proche de celle de la lumière avancerait moins vite -
ou plus vite ? je ne sais plus ! - qu'une autre qui serait immobile -
par rapport à quoi ? ). Je parle du sentiment que l'on a du temps ou
de la durée et tout le monde sera d'accord pour dire que le temps semble
passer plus lentement quand on a "cent lignes à écrire
comme punition"... Tu peux aussi lire les remarques des autres
ateliéristes,
notamment
celle de Philipe André vers la fin : "pour un homme de cinquante
ans, l'année en cours ne représente qu'un cinquante et unième de sa
vie alors que pour un enfant de cinq ans elle en représente un
sixième, ce qui est beaucoup plus long, pour un enfant de deux ans la
moitié" Bien amicalement Cloddy
Je
suis d'accord avec toi, mais tu me parles de relativité là. Tu
peux avancer tous les arguments que tu veux, une minute restera
toujours une minute, et j'ai très bien compris le sens de ton
texte, mais les choses désagréables font partie de notre vie et je
préfère profiter des moments heureux, même s'ils passent plus
vite. Mais tu as raison sur le principe, on a cette impression que
le temps passe plus vite à partir du moment où l'on rentre dans la
vie adulte. Amitiés. Nicole.
Bonsoir
Cloddy, J'ai pris le temps de lire vos échanges sur le temps,
qui m'avaient déjà interpellée. Notamment ça :"'pour un
homme de cinquante ans, l'année en cours ne représente qu'un
cinquante et unième de sa vie alors que pour un enfant de cinq ans
elle en représente un sixième, ce qui est beaucoup plus long, pour
un enfant de deux ans la moitié" Je me suis déjà fait cette
réflexion , notamment lorsque je travaillais au milieu de bébés
et jeunes enfants. Les 2 premières années de vie sont celles où
l'on évolue le plus et où l'on apprend le plus de choses en si peu
de temps : la marche , le langage, la propreté, l'indépendance,
....Tous ces progrès d'enfants , tous ces changements, sont
magiques à observer même si c'est désespérant pour nous adultes
de penser que nous ne connaîtrons plus de progrès à la
fois aussi nombreux, énormes et rapides que ceux que nous
avons vécus à l'âge tendre .
Sur
ce , il est temps pour moi d'aller rejoindre Morphée. Amicalement.
Estelle.
Réponse
: Très jolie observation, et qui nous renvoie au sentiment que l'on
a du temps : pour un enfant qui assimile beaucoup de choses en une
année, cette année "contiendrait" davantage que pour un
adulte. Donc, ce ne serait pas le temps lui-même qui serait
élastique comme le disaient Cloclo ou Philippe André, mais
sont "contenu" plus ou moins "dense" ? Ne
rejoignons-nous pas alors les remarques de Nicole ? Cloddy
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