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Claude Danis : Mon enfance...
Mon enfance s'est passée à Alger, où j'ai vécu jusqu'à 25 ans...
Quand j'étais petit, j'aimais bien taquiner ma petite sœur qui appelait notre mère au secours : " Manman ! MANMAN !!! (cris d'orfraie) - Qu'est-ce qui arrive ? C'est encore Claude ??? - Oui ! - Qu'est-ce qu'il t'a encore fait, ma pauvre chérie ? - Manman ! Y me fait des grimaces !!!! (pleurs). Nous avions des petits bancs en bois, que nous imaginions en maison de poupée. Nous y passions des heures... Nous avions aussi un vieil ours en peluche qui n'avait ni bras, ni jambe, et un seul oeil. Il était vétu d'un sweet-shirt de bébé, et nous le tenions par les manches en nous promenant. Un jour il est tombé sans qu'on s'en aperçoive, seulement au bout d'un quart d'heure ! Il a fallu faire demi tour pour le retrouver... Je me souviens aussi des bombardements (par les avions allemand ou américains ?). Nous descendions dans la cave en pleine nuit. Quand les Américains ont débarqué, c'était la grande fête ! Ils avaient réquisitionné un garage en face de chez notre grand-mère, Éva, qui nous gardait chez elle, pendant que notre mère travaillait. Mais la pauvre était souvent obligée de nous laisser seuls, car elle avait un restaurant (la Restaurant Végétarien, rue Charras), et nous en profitions pour faire les pires bêtises, généralement imaginées par moi, ma sœur suivait toujours. Nous avions remarqué que les Américains avaient un gros tas de sable devant ce garage, et nous avons fait le va et vient avec nos petits seaux pour en amener sur la terrasse. Un autre jour, nous nous sommes amusés à jeter tout un grand bocal de pois chiches sur les passants, alors que toutes les provisions étaient rares et chères. Mémé Éva était désespérée. Notre mère nous laissait descendre du tram, avec notre goûter et une fois, nous l'avions oublié en descendant : Elle nous l'a lancé par la fenêtre, mais, naturellement, le paquet s'est défait, et tout est tombé par terre... A cette époque, c'est notre grand-père Gaston qui venait le jeudi nous accompagner au Parc Mont-Riant. Nous avions un ami, Jocelyn, qui venait avec nous. Nous amenions une auto à pédale, et dévalions la pente comme des fous. Pépé nous courait après, affolé... Il y avait des gazelles qui mangeaient des cigarettes, et, en haut, tout un espace en friche, l'endroit idéal pour jouer aux cow-boys et aux indiens. Avec Jocelyn, nous formions une armée : Il était capitaine, moi, lieutenant, et Michèle, simple soldat. Nous montions sur une armoire pour sauter sur le lit, il passait d'une fenêtre au balcon par l'extérieur... Quel diable ! J'avais trouvé mon maître ! A notre mère, inquiète, "Ca risque rien, M'dame". Plus tard, Michèle l'a revu : Il s'était engagé dans la marine... Nous avions une voisine, Madame Rubin, qui était veuve. Elle nous parlait de son mari : "Il voulait toujours que notre fille mange du pain avec tout. Un jour, je lui ai dit - Tu aimes, toi, manger du pain avec le raisin ? Eh bien, mange-z-en, et laisse la petite tranquille !". Et bien, après çà, il n'a plus jamais rien dit !" Suite :Après la fin de la guerre, nous sommes devenus plus raisonnables Retour au récit avec petites images |
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