J'arrivai sur cette planète de fort joyeuse humeur en fredonnant un air
de feu Boby : « Il a du bobo Léon, il va peut-être canner Léon
.il a du bobo, Léon, il est CAME LEON oh, pauvre Léon ! ». Mais
j'oubliai vite paroles et calembours sous l'effet de la surprise : ici,
les objets semblaient se déplacer tout seuls, les chiens se tenir eux-mêmes
en laisse et les voitures être effectivement des AUTO mobiles ! J'ai vite
compris que cette impression provenait de mes difficultés d'adaptation
visuelle. Les habitants de cette planète avaient le don de s'intégrer
dans leur environnement, d'en prendre les teintes et les reflets
particuliers. Difficile au premier abord de repérer des personnes derrière
ces mouvements colorés ! D'autant plus qu'ici pas de murs gris ou de
couleurs ternes : dominaient les ocres, les jaunes lumineux et les rouges
pétants !
Une simple anecdote vous fera saisir mon étonnement : je suivais des yeux
un beau jeune homme brun que j'avais réussi à repérer : visage souriant
au regard vif, muscles saillants sous un costume de satin blanc - très
chic !- et démarche tout en souplesse . Et patatrac : il se transforme
sous mes yeux en torche vivante : il venait de passer devant une caserne
de pompiers. Le charme était rompu !
Je ris maintenant de mes mésaventures mais la première fois que , au
lieu de descendre des marches, je me retrouvai fesses sur le trottoir,
cheville douloureuse, face à mur représentant un escalier en trompe l'œil,
je n'étais pas fière ! Il faut dire que dans cette ville où je logeais,
l'architecture était particulière : portes dérobées, faux-plafonds,
vitres escamotables, tissus tendus comme autant de camouflages sur des
parois le plus souvent construites en biais, il y avait de quoi perdre ses
repères ! Et le sol ! Je ne savais jamais où je mettais véritablement
les pieds.
Ce sont maintenant de bons souvenirs et j'y ai vécu aussi des moments
fort agréables.
Les Caméléoniens avaient bien sûr la possibilité de changer d'identité
à leur gré ! C'est ainsi que j'ai passé une journée avec mon double :
idéal pour repérer ses tics, ses petits défauts et rire à ses dépens
( mais quand même l'ego en prend un coup !).
Les guides touristiques vantaient d'ailleurs cette particularité jusqu'à
en faire un argument de vente : « Venez découvrir la planète Caméléon
et jouer avec nous : qui se cache sous les traits de la jolie serveuse ?
et du gérant de l'hôtel ? reconnaîtrez-vous votre hôtesse sous les
traits de cette vieille femme au sourire édenté ? » Espérons que les
habitants n'usent pas de leur pouvoir à des fins malhonnêtes !
Je me suis rendu compte aussi, au bout de quelque temps, que le moindre
texte écrit pouvait déceler un message secret : que de rendez-vous
galants, de slogans politiques, d'annonces personnelles sur les panneaux
publicitaires, les consignes de sécurité ou les menus au restaurant ! Hélas
si j'en déchiffrais quelques-uns, je ne savais jamais à qui ils étaient
adressés !
Et puis, vous vous en doutez, les animaux domestiques les plus nombreux étaient
ces gros lézards sympathiques qu'on appelle caméléons. Je renonçai
cependant à en glisser un dans ma valise à l'heure du retour !
Je vous l'avoue : je quittai les lieux un peu inquiète, après un premier
faux départ ! Qui se cache derrière le pilote de l'avion ? un intégriste
? un terroriste ? un sarkoziste ? rien de tout cela heureusement !
marie-claire.degrave@wanadoo.fr |
B
onsoir, ton texte m'a bien fait
R ire, que d'imagination débordante pour un texte vraiment
sympathique
A ne louper sous aucun prétexte, j'ai passé un
V eritable bon moment ,
O revoir
bizes Jonathan
Ps:attention il y a sûrement un message secret caché dans ce mail.......
C…Marie-Claire…C
pas conseillé de porter des tissus écossais pour se rendre sur C, une
pointe d’humour à la Boby (dans ta belle maison tapissée partout sauf
dans les toilettes) Ph André
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