Une
terrible tempête galactique me projeta brutalement sur une planète
grise,
G,
la PLANETE DES GRINCHEUX.
Le paysage était en noir et blanc, sans arbre, et seuls des buissons
racornis bordaient la rue longue et humide qui ceinturait la minuscule
planète ; celle-ci était peuplée de gens gris, les uns mornes, les
autres agités, qui faisaient la queue toute la journée devant des
guichets. Il y avait le guichet : "litiges publics", le guichet
: "litiges privés", et le guichet :" litiges météorologiques".
Ils affichaient "fermé" la plupart du temps, ce qui libérait
dans la rue des queues de gens qui protestaient contre l'incompétence des
guichetiers ; les queues fusionnaient et la foule des queues manifestait
alors contre le gouvernement.
Comme il n'y avait pas de gouvernement, après quelques heures, les foules
se scindaient en queues, puis les queues s'éparpillaient en gens qui
rentraient chez eux pour grogner contre leur conjoint et houspiller leurs
enfants.
Ceux qui n'avaient pas d'enfant en étaient bien contents, car ceux des
voisins leur semblaient insupportables et bruyants. Ils donnaient donc des
coups de pied à leur chien, bien fait pour le gouvernement, pour
l'administration, pour leur patron, et accessoirement pour leur chien. Le
chien fuyait en glapissant, et montrait les crocs aux enfants des voisins.
Heureusement, le vent galactique n'avait pas faibli, et une bourrasque
violente m'expédia sur la planète voisine, la planète
J, comme JOIE.
Emma elire@cegetel.net |