E
a un satellite nommé Imaginaria.
Son
cheval de bataille étant le mot, le cavalier en était le
sens. Les habitants, de petites cannes noires, des bâtons
gris, des traits fous tordus en toutes directions,
s'accouplaient sans fausse pudeur, à la recherche de l'émoi prodigué
par la nouveauté. L'association Didé (Danger d'Inanition De
l'imagination Éradiqué) était le plus notable de leur points de
rencontres. Autant dire que les cabrioles étaient monnaie courante !
Cette contrée, toujours aussi prodigieuse que prodigue, voyait son sol
renouvelé à chaque retournement de lune, soit environ toutes les deux
semaines. Durant cette mise à nu temporaire mais régulière, elle se
donnait aux pages blancs, s'offrait littéralement. Elle était toutefois
accompagnée d'un messager ailé, l'interne Ette, médecin défroqué de
son état qui préférait se consacrer à la vie de coursier, libérant et
livrant les sombres pensées, fleurs nébuleuses.
Si les livraisons de cette flore particulière étaient
nombreuses et courantes, le terreau, lui, se faisait rare. La rumeur le
disant administré à peu près deux fois par mois, Imaginaria commença à
partir à sa recherche. Mais elle ne le fit pas en silence, loin s'en faut
! Une bavarde comme elle, vous n'y pensez pas ! Elle se créa alors, sans
en avoir l'air, un monde parallèle, qui lui permit d'épancher son cour
douloureux, de partager ses impressions et de stimuler ses nombreux
esprits, en attendant. En attendant impatiemment que la vague déferle,
et apporte un nouveau sujet chez sa majesté !
Marina. posiris2@yahoo.fr |