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 (99) L'Europe ne supporte plus le président françaisDésormais, c'est toute l'Europe qui ne supporte plus le président français, qui semble, au fil du temps, perdre un certain sens commun et s'inventer un monde qui a peu de rapport avec la réalité... Cette semaine, dans Libération, Alain Duhamel s'interroge : "le chef de l'État cristallise contre lui une véritable haine personnelle qui submerge Internet, inonde la presse quasi tout entière, s’épanouit dans les débats à la radio et à la télévision, inspire livre après livre (..) Nicolas Sarkozy est devenu l’homme le plus détesté de France, le président le plus honni de la Ve République. La question qui se pose est évidemment de savoir quels sont les facteurs qui ont déclenché cet ostracisme spécifique." Et de répondre : "En hystérisant la vie politique, en clivant toujours davantage la société, en déchaînant la foudre et les orages, il s’ampute lui-même du prestige présidentiel. L’hyperprésident se dé-présidentialise, contradiction burlesque.. 
 ... "Le président français court depuis un an vers le néant", titrait, ce week-end, le quotidien espagnol El Pais. Et que dire de cette terrible "une" du très austère hebdomadaire britannique, The Economist, titrée "L'incroyable président qui rétrécit" et agrémentée d'une photo de Carla Bruni-Sarkozy suivie, comme un bichon, par un minuscule président disparaissant sous un bicorne napoléonien. Dans un tel climat, la présidence française du G20, à partir de novembre, risque d'être moins glorieuse qu'espéré... Il ne manque plus que l'aveuglement dont font preuve le président et ses principaux chiens de garde. Le peuple nous a élus, nous avons donc raison avec le peuple contre la presse, l'opposition, les "bien-pensants" et la terre entière, ne cessent-ils de ressasser. Et tant pis si les sondages démontrent le contraire et attestent d'un niveau de défiance exceptionnel à l'encontre du chef de l'Etat... (Gérard Courtois) Une europhobie très "calculée"... Le chef de l'État s'est félicité... de sa croisade sécuritaire contre les Roms et de son offensive contre la commissaire européenne: «Tout cela est très réfléchi, très calculé, a-t-il plastronné avant de partir à New York. On m'a montré un tas d'études... prouvant par A plus B que si le Front national est au-dessus de 12 % au premier tour, automatiquement, je ne peux pas remporter la présidentielle. Or mon discours de Grenoble a permis de récupérer une partie de l'électorat populaire.» Même analyse ou presque à propos de sa bagarre avec Barroso et de sa mise en cause de la commissaire européenne: «Attaquer la Commission européenne, ne pas plier devant elle, ça passe bien. Parce que le mec de base à droite, il ne supporte pas que la Commission donne des leçons à la France.» Conclusion du grand tacticien: «J'ai tout en tête. Mon calendrier, ma stratégie. Je veux cliver. A fond. Pour l'instant, vous n'avez encore rien vu.» Au secours! (98) École : silence, on privatise..."Suppression de 16 000 postes d'enseignants, classes plus chargées, classes maternelles amputées, suppression progressive des réseaux d'aide spécialisée aux élèves en difficulté (Rased), accélération des logiques de ghettos avec la fin de la carte scolaire, suppression des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), loi Carle sur le financement de l'enseignement privé par les municipalités... La liste est longue et bien connue. Sur le même sujet dans L'histoire Rébellion théâtrale contre la colonisation Chronique "Politique" Le vilain petit canard Lettre d'Asie La Chine se refait une imageMais sa cohérence a-t-elle été suffisamment analysée ? A qui profite le crime ? Il ne s'agit pas seulement de faire des économies, mais d'un programme idéologique : faciliter l'évasion scolaire en direction du privé... Caroline Fourest La fin programmée de la médecine du travail... la majorité UMP a voté, mercredi 15 septembre, la fin de la médecine du travail telle qu'elle existe en France depuis 1946.... Avec les nouvelles dispositions votées cette semaine, le fils de Paul Woerth, médecin du travail du BTP dans l'Oise, spécialiste de l'étude de la noyade, a non seulement refusé de porter secours à une profession qui sombrait, mais lui a asséné un coup fatal. 
 (97) L'escalade et l'amalgame  
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Nicolas Sarkozy est coutumier de ces déclarations belliqueuses. Depuis huit Plutôt que de s'interroger sur les causes de cet échec dévastateur pour sa crédibilité (suppression de la police de proximité, diminution des effectifs de policiers et de gendarmes, abandon de toute politique sérieuse de prévention dans les quartiers "difficiles"), M. Sarkozy a donc choisi l'escalade sécuritaire et l'amalgame délinquance-immigration. 
 Le chef de l'État devrait en être le garant. Il invite à le bafouer, sans craindre de recréer en France une catégorie de résidents qui ne seraient ni citoyens ni expulsables, puisque Français par la naissance. Autrement dit, des apatrides. En dépit du fiasco, il y a six mois, du débat sur l'identité nationale, cette politique du bouc émissaire est aussi détestable que condamnable. Aucune fin - ni la protection indispensable des citoyens ni une réélection espérée à la présidence de la République en 2012 - ne justifie tous les moyens. Le Monde - édition du 03.08.10. Article du Canard Enchaîné - 18.8.10 - Voir aussi lemonde.fr/.../2010/08/18/... Tartarin à l'ÉlyséeEst-ce l'effet de ses vacances provençales ? Ou la lecture assidue, qui sait, de Pagnol ou d'Alphonse Daudet ? Impossible de trancher, mais le résultat est là : le président de la République a passé son été entre galéjades et tartarinades. Les premières, pour qui l'aurait oublié, sont des "histoires exagérées destinées à mystifier", précise le Petit Robert ; les secondes évoquent, sans garantie de l'Académie, les histoires à dormir debout de l'impérissable chasseur de lions de Tarascon... Depuis son élection, il n'a échappé à personne que le plus grand bavard de la République est son président... Pire, quand l'Independant britannique fustige les "amalgames au mieux délibérés, au pire malhonnêtes" pratiqués par le président français, quand le New York Times s'inquiète de le voir "attiser dangereusement les sentiments hostiles aux immigrés pour satisfaire ses objectifs politiques de court terme", quand la Süddeutsche Zeitung estime que "Nicolas Sarkozy multiplie les gesticulations, croyant démontrer sa force alors qu'il révèle ainsi sa faiblesse", quand La Vanguardia catalane se demande si "la France est un pays raciste", quand enfin le pape lui-même s'en mêle pour rappeler à qui de droit les règles élémentaires de la charité chrétienne, c'est le crédit du chef de l'État et, au-delà, l'image du pays qui en prennent un sacré coup. De cela, aussi, le chef de l'Etat semble ne pas se sentir comptable. La certitude d'avoir raison envers et contre tous n'est jamais la meilleure conseillère. Gérard Courtois Par Bruno-Roger Petit :... J'ai aimé, d'un certain point de vue, même ceux que j'ai le plus vilipendé, tous les présidents de la Ve République. J'y ai vu, j'y vois encore des monuments français. Chacun d'entre eux, à sa façon, compte tenu de ses qualités, incarna une part de l'esprit français, de son histoire, de sa culture, de ses tradition de ses ambitions. Ils ont été les marqueurs d'une continuité, ne cherchant jamais à rompre le fil de l'Histoire française, et si l'un d'entre eux parla de rupture, cela ne concernait que le capitalisme, pas la France. De Gaulle fut le président des idéalités nationales, rêvant d'une France plus grande que ne l'est parfois le peuple français, entre France et Concorde, tante Yvonne et baby boom, Charlemagne et Napoléon. Pompidou fut le président des notabilités paysannes, réinventant le rêve "bien de chez nous" d'une grande France industrielle, entre bon sens paysan et avant-garde branchée, DS et camembert, Colbert et Guizot. Giscard fut le président des contradictions françaises, ressuscitant une sorte de despotisme éclairé façon république décrispée, entre dîners chez les Français moyens et diamants de Bokassa, Loi Veil et loi Peyrefitte, François Ier et Louis XV. Mitterrand fut le président des ambiguïtés provinciales, incarnant cette palette des passions françaises qui va du gris clair au gris foncé, entre abolition de la peine de mort et écoutes illégales, Badinter et Tapie, Louis XI et Richelieu. Chirac enfin, fut le président des fatalismes cocardiers, considérant que les Français savent mieux ce que qu'ils ne veulent pas plutôt que ce qu'ils veulent, entre suppression du service militaire et CPE, Raffarin tout mou et Villepin tout raide, Louis-Philippe et Albert Lebrun. Depuis 2007, on s'interroge. A qui, à quoi rattacher l'actuel président de la République ? Serait-il capable par exemple, de citer, comme aimaient à le faire de Gaulle et Mitterrand, tous les souverains, tous les régimes, ayant gouverné la France depuis 987 ? Sans doute non. Du reste, depuis des années, on ne compte plus ses saillies contre l'histoire de France, la culture classique, la littérature, les humanités. Comment ne pas voir que cette haine de la France est à l'origine de la disparition sournoise et progressive des programmes d'histoire, de latin, de grec dans les collèges et lycées, le tout sous la houlette de l'ignare Luc Chatel ?.. Le Post 2/8/2010 ... L'autre jour, dans le bistrot où je lis le Monde quotidiennement en buvant mon 51, j'ai été le témoin d'une conversation comme je les aime, authentiquement française. J'ai vu, et surtout entendu, des attitudes et des propos qui m'ont montré le rejet qui frappe la personne du chef de l'État français au sein de l'électorat de la droite française, y compris le plus populaire, le plus modeste ; cet électorat pour qui le mot "travail" a un sens sacré depuis des générations, et qui a découvert de ce que le mot "bling bling" siginifiait depuis 2007. Tout y est passé. Le "discours bidon sur la sécurité", "Besson, un mec qui trahit y trahira encore !", "Sa nana qui chante en play back qu'on se demande si c'est vraiment elle", "Fillon qui sert à rien", "Woerth le petit père des riches", "Obama il est obligé de s'asseoir pour lui parler d'homme à homme", "Y parle tout le temps et y fait rien", "Y s'est fait construire une baignoire dans son avion, on va se marrer si y a un trou d'air !"... Mon jardinier, qui participait à ce débat sur les agitations présidentielles a dit : "Quand tu penses que c'est lui qui appuie sur le bouton de la bombe atomique !" Et tout le monde l'a approuvé... lepost.fr/article/2010/08/04/... Ça va mal finir... Tout cela commence à faire beaucoup. Beaucoup trop. Nous revient en mémoire un petit ouvrage - prémonitoire - de François Léotard, un homme qui connaît bien le chef de l'État. Son titre : Ça va mal finir (Grasset, 2008). Voici ce qu'écrivait cet ancien ministre de la défense : "Sarkozy ne parle pas de la police. Il est la police. Il est l'ordre. L'ordre seulement, mais l'ordre complètement (...). Il semble que notre président n'ait lu ni Tocqueville, ni Montesquieu, ni Benjamin Constant, il semble que la séparation des pouvoirs lui soit une énigme. Si l'on rend la justice Place Beauvau, ce sera plus rapide. Et surtout plus près de l'Elysée..." François Léotard ajoutait à l'adresse de son ancien ami : "Je te le dis parce que nous avons grandi ensemble (...). J'aurais aimé qu'à côté de Guy Môquet tu cites Aragon, celui de L'Affiche rouge. Parce qu'il parle de Manouchian et que le poème d'Aragon est lové dans l'écriture de la dernière lettre du futur fusillé. Pourquoi dis-je cela ? Parce que ces étrangers "mais nos frères pourtant" ont davantage honoré la France que ces "bons Français" qui tranquillement la salissaient à Vichy. Parce que ce sont souvent des étrangers qui ont aimé notre pays plus que nous ne l'avons fait. Parce qu'ils portaient "des noms difficiles à prononcer", parce qu'ils considéraient que peut-être dans le mot France il y avait un désir de droit et - qui sait - une résistance cachée." Franck Nouchi Dominique de Villepin publie cette semaine De l'esprit de cour (Perrin, 224 p., 18 euros), un ouvrage dans lequel il met en pièce le "système Sarkozy". Qualifiant le chef de l'État de "condottiere néo-conservateur", il l'accuse de privilégier "l'instrumentalisation des peurs" et d'ériger "la division en méthode à travers l'activation des clivages idéologiques, la stigmatisation des immigrés ou de l'islam et la recherche de boucs émissaires". S'agissant de la question du regard, il propose un premier contrechamp : "Nicolas Sarkozy n'est pas tant le monarque offert aux regards que le premier des courtisans qui s'épuise dans l'art de séduire l'opinion, qu'il a érigée en nouveau souverain en lieu et place du peuple", avant de retourner l'objectif vers ceux dont le métier est de flatter le suzerain : "L'hyper-présidence a poussé au paroxysme les pratiques de cour. A défaut de réellement réformer, Nicolas Sarkozy s'est replié sur son pouvoir symbolique, croyant que plus une cour est voyante, plus le pouvoir de son prince doit être grand. Il a fait ainsi prospérer une cour invraisemblable de perroquets apeurés distillant en boucle les mêmes éléments de langage, de flatteurs impénitents, de roseaux plus penchés que pensants qui ne vivent qu'à travers le regard du prince." Frank Nouchi 
 Michel Rocard... Je sais bien que le président recherche d’abord les effets d’annonce. Cette loi ne verra jamais le jour. Mais ça ne change rien aux intentions. Et les intentions, je vous le dis comme je le pense, les intentions sont scandaleuses... Je dis qu’il le paiera et qu’il l’aura mérité... Je serai sec et sans bavure : c’est inadmissible. Mais le pire, c’est que ça ne marche pas. Il n’y a d’amélioration ni sur le plan de la sécurité ni sur celui de l’immigration. On peut faire de grands discours mais, dans la réalité, la marge de manœuvre est faible, aussi bien pour la droite que pour la gauche. Il faut bien savoir qu’en tout cas les progrès seront minimes. On ne va pas étaler une ligne de barbelés le long des frontières. On ne va pas dresser les chiens policiers à flairer les sans-papiers. On ne peut pas refuser tout le monde. Et les étudiants étrangers ? Beaucoup déjà vont ailleurs, et c’est une perte pour notre pays. On ne peut pas expulser à tour de bras n’importe qui. Seulement les discours changent en fonction des gens auxquels on s’adresse. Quand on va chercher l’électorat du Front national, voilà sur quels scandales on débouche. La loi sur les mineurs délinquants passe de la responsabilité pénale individuelle à la responsabilité collective. On n’avait pas vu ça depuis Vichy, on n’avait pas vu ça depuis les nazis. Mettre la priorité sur la répression, c’est une politique de guerre civile. Marianne 2 Voyou de la République ?... Marianne, dans un numéro devenu historique, avait répliqué : non, Sarkozy n’est pas un idéologue « bushiste » dogmatique et sectaire, c’est un bonapartiste pragmatique et talentueux (le meilleur candidat dont ait disposé la droite depuis longtemps, précisions-nous), capable, s’il juge que c’est dans son intérêt, de stigmatiser le « grand patronat » ou de vilipender le capitalisme. Simplement, l’énormité gargantuesque de son hypertrophie du moi, la démesure de son adoration de lui-même, la puissance de sa volonté presque illimitée de pouvoir et de contrôle, frise, à un tel niveau, la folie… Et représente une menace pour notre conception de la démocratie et de la république. On jugera, avec le recul, de la pertinence ou de l’impertinence de cette approche. Mon analyse, aujourd’hui, est du même ordre : Sarkozy n’est pas pétainiste ni, encore une fois, maurrassien, xénophobe, raciste, encore moins facho. Simplement, aucun interdit d’ordre idéologique ou éthique ne le bride, aucun principe transcendant ou aucun impératif moral ne l’affecte, aucun « surmoi » ne l’arrête. Pour conquérir et conserver le pouvoir, il est capable de tout. Absolument de tout. Exactement comme les caïds des cités. En réalité, avec d’ailleurs le talent que cette mentalité nécessite et le sens de la prise de risque qu’elle exige, Nicolas Sarkozy est un voyou. Un voyou de banlieue, dont la banlieue serait Neuilly. Typique, à cet égard, est cette façon de déclarer la guerre à tout bout de champ… aux bandes rivales !.. Jean-François Kahn 
 "Si être Français se mérite, être Président des Français aussi."
 
 L'amour de soi et la haine des autres... Sous couvert d'assistance à populations en danger perce l'électoralisme cynique d'un chef de l'État qui semble chercher d'abord à sécuriser une victoire en 2012. Aucune fin ne saurait justifier de tels moyens, alors que l'ONU dénonce une montée de la xénophobie en France... Depuis la "racaille" et le "Kärcher", ces marques de fabrique du sarkozysme, depuis la création du ministère de l'identité nationale et de l'immigration, rapprochement douteux suggérant que la seconde menace la première, le président construit le même mur. Celui des préjugés, des stéréotypes, des ennemis de l'intérieur. Celui de la défiance entre un Eux et un Nous, entre la France des "vrais" Français et la souffrance de tous ceux qui ne volent ni ne tuent, mais portent les stigmates de l'étranger... les mots ont été choisis comme autant d'armes qui créent la polémique et anesthésient la pensée. Par sa brutalité verbale et physique .., le pouvoir ferme la porte à toute réflexion intelligente... L'article premier de la Constitution, faut-il le rappeler, affirme que la République "assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d'origine, de race ou de religion". Eric Fottorino 
 
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