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(45) Sarkozy n'apprécie pas Stéphane Guillon.
(44) Sarkosy "m'à tuer", par Barbara CassinIl est certain que nous avons un président de la République. C'est le job de Nicolas Sarkozy. Moi je suis chercheur au CNRS, spécialiste de philosophie ancienne, je lis, j'enseigne, j'écris. C'est mon job. Je ne suis pas pour la langue de bois, ni pour le politiquement correct ni d'ailleurs pour le politiquement incorrect... Pourquoi
ai-je alors la sensation que quelque chose de grave est en train de se passer ?..
Ce sentiment est lié à l'idée que j'ai de l'idée que le président a de la
culture. Quel est donc le projet présidentiel ? Il est exprimé par des discours et des actes,.. Un premier acte, ... est la présence massive de fautes d'orthographe sur le site de la présidence de la République française, [où] je lis, entre autres, ces deux fautes qu'on ne tolère pas en classe parce qu'elles sont le signe que l'élève ne comprend pas le mécanisme de la langue : "Nous on fait confiance et vous adhérer à cette stratégie offensive", et "on apporte aux participations les participations qu'à la Caisse, les participations qu'à l'État"... Il s'agit de communiquer, pas de parler. Tous
les niveaux de discours sont confondus, nivelés au ras de la langue par le plus
authentique, irrépressible et immédiat "Casse-toi pauv' con".
"Faire président" ne garantit plus la fonction présidentielle de règle
et de régulation, de cohérence et de cohésion. L'adresse du même discours
est sidérante : "Chère Christine Lagarde, (...) monsieur le Sénateur,
et tous ceux qui sont importants, bonjour". De
l'ironie, de la provocation, ou vraiment la volonté d'une nouvelle norme, hors
langue, hors culture, hors civilité, au profit d'une efficacité supposée,
avec pour indice le grand mépris ? L'efficacité,
parlons-en. Je suis pour, tout le monde est pour. Un peu de bon sens (lequel?)
indique qu'elle n'est pas la même dans tous les domaines et qu'on ne la mesure
pas de la même manière. "Un chercheur français publie de 30 % à 50 %
en moins qu'un chercheur britannique dans certains secteurs. Évidemment, si l'on
ne veut pas voir cela, je vous remercie d'être venu, il y a de la lumière,
c'est chauffé..." La contre-vérité n'est pas diminuée par le
persiflage. "L'autre jour, je m'amusais, on s'amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de La Princesse de Clèves... Imaginez un peu le spectacle !". Il y revient trois fois, heureux du coup de pied dans la fourmilière, de la désacralisation du beau et de l'œuvre, d'une oeuvre énigmatique. Nous ne parlerons donc à la guichetière que de guichet, ou de choses qu'elle peut comprendre dans son sous-métier de sous-femme, selon une version plus banale de l'imbécillité ou du sadisme - c'est tout ce qu'elle a besoin de savoir... Cet immédiat-là, si bien intentionné soit-il, est au sens strict un danger public. La culture selon Sarkozy a le choix entre les chiffres indicateurs de performance et l'émotion-glu [la lettre de Guy Moquet]. Pas
de culture, pas de construction d'un "nous" démocratique, sans
respect. De même, la langue supporte toutes les inventions mais pas la
maltraitance. "Chaque fois qu'Obama ouvre la bouche, ses sujets et ses
verbes s'accordent" : c'est la meilleure manière, la seule
respectueuse, de ne pas exclure Joe le Guichetier. Barbara Cassin est philologue et philosophe, directrice de recherches au CNRS et du Centre Léon-Robin sur la pensée antique. Ses travaux portent sur la sophistique et la rhétorique ainsi que sur les rapports qu'elles entretiennent avec la philosophie. Elle a notamment publié "Vocabulaire européen des philosophies" (Seuil, 2004) et "Google-moi : la deuxième mission de l'Amérique" (Albin Michel, 2007) Dans le monde.fr/opinions/...-32280156 (extraits)
Texte de "La Princesse de Clèves" Revue de la presse étrangère à ce propos Lire aussi Sarkozy et l’Université – la revanche personnelle d’un cancre. Extraits: "L’histoire universitaire et le rapport malheureux de Nicolas Sarkozy à celle-ci permettent de comprendre la politique de mépris qu’avec constance ses affidés développent à l’endroit de la recherche et des chercheurs, de l’université et des universitaires. Preuves à l’appui... Les sociologues savent bien que les jugements en disent souvent plus sur leurs auteurs que sur les choses dont ils parlent. Or les études de Nicolas Sarkozy n’ont pas été si brillantes ni spécialisées qu’elles l’autorisent à juger de haut les questions d’orientation scolaire et de pédagogie. Par contre, elles ont été assez médiocres pour nourrir son ressentiment personnel qui, en affinité avec l’humeur anti-intellectuelle des milieux qui le soutiennent, explique largement la « petite guerre » faite aujourd’hui aux scientifiques et universitaires..." Par Alain Garrigou, Professeur de science politique à l’université de Paris X Nanterre Cicéron, victime du sarkozysmePhilippe Baumel - Tribune Lundi 2 Août 2010 ... Si La Princesse de Clèves ne semble guère utile aux yeux de notre président de la République, le latin et le grec, Cicéron, la Guerre des Gaules, Pline, Virgile et Sénèque seront, semble-t-il, bientôt voués à la critique rongeuse des souris sinon à un exemplaire autodafé sous la haute autorité de Monsieur Luc Châtel, ministre du Marketing éducatif. Voici quelques jours, des membres d’un jury du Capes de lettres classiques ont adressé leur démission au ministère. Leur ras le bol confirme celui plus général qui touche l’ensemble de l’Éducation nationale. En la matière, il faut une réponse de gauche, une réponse républicaine, une réponse qui fasse de la culture classique l’alliée des plus modestes et le moteur d’une égalité restaurée... n’oublions jamais que pour ce gouvernement d’avocats d’affaires, dédiés à l’argent et au marché, la culture est un ennemi... Dans les palais de la République, on semble se plaire à répéter «Ils veulent du latin-grec ? Qu’ils chantent à la Star’Ac’!» et quand il entend le mot « culture », Nicolas Sarkozy sort sa télécommande et zappe... Là où le marché passe, la culture trépasse, c’est une expérience vécue chez nos voisins européens et que le gouvernement voudrait nous faire connaître...
(43) Les hommes du président... Lorsqu'il s'agit des hommes, M. Sarkozy voit plus loin que le commun des mortels. Prenez le groupe Caisse d'épargne-Banque populaire. Deux banques mutualistes, de détail, dont le seul malheur est d'avoir écouté les banquiers d'affaires leur expliquer qu'elles devaient, elles-mêmes, acquérir une banque d'affaires. Qui semble, a priori, le mieux à même de piloter la fusion de ces deux bijoux devenus verrues ? Un spécialiste de la banque de détail, un mutualiste, ou un banquier d'affaires ? Un banquier d'affaires, a décidé notre président. Et pas n'importe lequel : François Pérol, l'homme qui, à l'Élysée, gérait ladite fusion... Grâce à la jurisprudence Pérol, celui qui décide du montant d'un chèque du Trésor public peut désormais être celui qui l'encaisse. Même Jacques Attali n'avait osé émettre une telle innovation. Pour paraphraser un slogan bancaire : on n'est pas impopulaire sans raison ! Frédéric Lemaître dans lemonde.fr/opinions/...html
(42) Atomique partout (bis) !!!EPR, double déni démocratiqueNicolas Sarkozy vient de confirmer le lancement d’un second EPR, dont la réalisation est «confiée à EDF qui sera associée à GDF Suez». Mais quelle légitimité a-t-il pour décider de ces projets ? Aucune. Il s’agit en réalité d’un double déni de démocratie. D’abord par une façon très personnelle de l’omni-président d’ignorer la Programmation pluriannuelle des investissements de production d’électricité (PPI), ... Or la PPI actuelle a entériné la mise en service d’un EPR, celui de Flamanville, et les évaluations en cours n’envisagent pas d’autre centrale nucléaire avant 2015-2020. Quelle que soit la critique que l’on peut avoir sur une PPI qui se contente d’accompagner les tendances existantes, la décision de Sarkozy de lancer un second EPR revient à s’asseoir dessus. En outre, cette décision ne fait aucun cas de l’objectif, primordial, de réduire de 20 % la consommation d’énergie d’ici à 2020, présente dans le Grenelle de l’environnement et le paquet «climat énergie»... Les décisions de relance du nucléaire sont prises au mépris de l’exigence démocratique, et cela constitue le second déni. Dans le contexte actuel, marqué par la raréfaction des ressources de la planète et par l’impact des choix de filières énergétiques sur le réchauffement climatique, la politique énergétique n’est pas un simple choix technologique, mais un choix de société. A plus forte raison lorsqu’il s’agit de décider de la relance de la filière nucléaire, du fait de ses caractéristiques : risque majeur concernant la sûreté, production de déchets dont on ne connaît ni le devenir ni le coût de traitement, et centralisation mettant la filière hors de portée d’un contrôle démocratique. La question de la sûreté devient encore plus cruciale que les entreprises sont privatisées ou en voie de l’être et que règne la recherche du moindre coût. Le programme nucléaire lancé dans les années 1970 n’a pas été décidé de manière démocratique. Avec l’ampleur des conséquences de la politique énergétique en termes environnementaux et sociaux, il est urgent que ces choix reviennent aux citoyens et aux citoyennes. Jean-Marie Harribey coprésident d’Attac et christiane Marty membre du conseil scientifique d’Attac, in Libération.fr "Des risques incommensurables"Le rideau se lève sur une farce à la fois risible et terrible dont voici l’intrigue : les catastrophes climatiques et les crises pétrolières font disparaître les dangers de l’énergie nucléaire... Les nouveaux types de risques, annonciateurs de catastrophes mondiales, ébranlent les fondements des sociétés modernes. Ils ont la particularité, par exemple, de ne pas être indemnisables. Une fois que le climat s’est modifié, qu’un incident a eu lieu dans une centrale nucléaire (pardon, une centrale “écologique”) ou que la génétique est intervenue de façon irréversible sur la vie humaine, il est déjà trop tard. Face à ce bond qualitatif des menaces qui pèsent sur l’humanité, la logique de l’indemnisation perd toute pertinence et doit impérativement laisser la place au principe de précaution et à la prévention. Or les acteurs chargés de garantir la sécurité et la rationalité (État, science, industrie) jouent aujourd’hui un rôle fort ambivalent. De gardiens, ils sont devenus suspects ; de gestionnaires du risque, les voilà ses instigateurs... Même si les politiques réussissaient cette transformation sémantique de l’énergie nucléaire en énergie écologique, même si les mouvements sociaux finissaient par se fragmenter, tout serait en effet tout de même remis en cause par la puissance réelle du risque. Car celle-ci est constante, durable, impossible à interpréter et puissante même là où les manifestants antinucléaires ont disparu. Les probabilités de voir se produire des accidents improbables augmentent au même rythme que le nombre de centrales “écologico”-nucléaires... Ulrich Beck, dans Die Zeit, repris dans courrier international (extraits) Sur ce même sujet, voir: Sarko, vite (7)!!! Atomique partout! et "La ville qui marche au vent, au soleil, à l'eau" de Marie de Vergès (41) Rupture : l'effet boomerang.Il est fascinant d'observer comment, à un moment donné, tout ce qui a pu faire la force d'un homme menace de se retourner contre lui, avec la violence d'un boomerang. Dans la conquête du pouvoir, la "rupture" avait été l'arme fatale de Nicolas Sarkozy, à la fois contre la gauche et contre son propre camp. Aujourd'hui, elle le menace car elle crée du désordre... ... La rupture avait son corollaire : l'hyperprésidence. Elle était supposée venir à bout de tous les maux français. Le candidat Sarkozy en avait fait un puissant argument de campagne lorsque le pouvoir chiraquien, anéanti par le non au référendum sur le traité européen en 2005, semblait frappé par l'impuissance et l'irresponsabilité. Mais un seul homme ne peut pas tout gérer tout seul. Pour tenir au long cours, il lui faut une équipe, des relais, des fidélités, une structure et plus encore des réseaux, comme avaient su s'en constituer François Mitterrand et Jacques Chirac. La rupture était peut-être un bon slogan. Elle n'est pas une méthode de gouvernement. Françoise Fressoz dans lemonde.fr/opinions...html (extraits) |
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