Le portrait d'un Sarkozy humaniste, ami des arts et des lettres. On peut
ainsi lire la 2565e version de la "métamorphose Sarkozy". L'homme de
la pampa se serait dépouillé de sa rudesse naturelle pour se muer en futur
académicien français.
Il faut lire et relire ce passage :
"Pendant deux ans, Nicolas Sarkozy a
beaucoup voyagé. Nous avons pu écouter l'une des fameuses conférences qu'il
donne aux quatre coins du monde. Il a rencontré des hommes politiques de tout
niveau, mais aussi et surtout des artistes, des chefs d'entreprise
internationaux, des sportifs... Dans ses bureaux de la rue du Miromesnil à
Paris, il a reçu des centaines d'anonymes et s'est 'reconnecté' au pays réel,
à ces Français que l'on entend peu mais qui font les élections. Il a changé
de vie, accordant une large place à l'introspection, à la réflexion, à la
compréhension, à la lecture... Il s'est forgé un leitmotiv : dire la vérité
aux Français sur tous les sujets et dénoncer les mensonges de François
Hollande."
La lecture achevée, on finit même par se demander si cet éloge flatteur ne
vise pas finalement à ridiculiser l'ex-président.
De l'autre :
Des propos qui éloignent de Montaigne et Montesquieu mais rapprochent Joe
Dalton et d'Al Capone. Témoin ce que dirait le président Sarkozy du président
Hollande :
"François Hollande terminera avec du
goudron et des plumes", "Là ça dépasse tout !", "Ce type
ne dit jamais la vérité".
À croire que Nicolas Sarkozy a lu et relu "Merci pour ce moment"
de Valérie Trierweiler.
"Au début septembre, il travaille à la
mise en scène de son retour. Il s'entretient avec une équipe de télévision.
Les civilités sont à peine terminées que l'ancien président, les pieds sur
la table, les interroge : " Vous votez qui? Le journaliste lui propose de
doubler la diffusion via un partenariat avec RTL et son intervieweur vedette,
Jean-Michel Aphatie. 'Pas ce connard d'Aphatie de Canal +', interrompt
Sarkozy".
Aphatie, traité de "connard" sans aucun égard. Sans aucun ménagement.
Les pieds sur la table (ce qui déplairait à Jean d'Ormesson et Jean-Marie
Rouart, aka "le gang du vieux tweed", s'ils l'apprenaient). Et devant
des collègues qui ne pourront que le répéter.
Qui est le vrai Sarkozy,
qui s'apprête de nouveau à se présenter devant les Français, à demander
de nouveau leur suffrage et leur confiance ? Est-ce celui qui parle de littérature
mieux que Pompidou et Mitterrand réunis ou bien celui qui traite le malheureux
Jean-Michel Aphatie de "connard" ?
On pense à Drieu, qu'admirerait tant Nicolas Sarkozy : "Nous saurons ce
que nous sommes quand nous verrons ce que nous avons fait." C'est écrit
dans "Le Chef", une pièce sur le pouvoir, la prise du pouvoir, et où
l'on peut lire aussi : "Il y a une épouvantable faiblesse dans les hommes
qui se donnent à un autre homme."