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The Book
AnachronismeC'est tout Net ! | | 15.09.11 | 13h35 par Marlène Duretz (C'est tout Net !) "Bonjour. Laissez-moi vous présenter un nouveau dispositif bio-optique d'enregistrement des connaissances, répondant au nom commercial de Book." L'homme de cette vidéo s'est posté sur le pas de la porte de mon ordinateur
J'invite ce démarcheur à poursuivre : "Book est une révolution technologique sans précédent, sans câbles, sans circuits électriques, sans batteries et sans rien à connecter." Vous pouvez préciser ? "Compact et portable, Book peut être utilisé n'importe où. Puisqu'il n'a pas de batterie, il n'a pas besoin d'être rechargé." Inutile de lui donner incessamment la becquée électrique ! Parfait ! "Book ne plante jamais. Book n'a nul besoin d'être réinitialisé. Il suffit de l'ouvrir pour commencer à profiter de ses énormes avantages." Un objet qui m'évitera les affres d'insolubles problèmes techniques? Comment fonctionne-t-il? "Book est constitué de feuilles de papier numérotées consécutivement. Chacune d'elle est capable de stocker des milliers de bits d'information. Chaque page est scannée optiquement, transmettant l'information directement au cerveau. Un simple geste des doigts nous amène à la page suivante." Simplement irrésistible ! Il me le faut ! Des options ? "La plupart des Book intègrent la fonction Table des matières, qui indique la localisation exacte de n'importe quelle information pour la récupérer instantanément. (...) Il est également possible d'ajouter des notes personnelles grâce à un outil de programmation ultrasensible : le crayon." Pardon? Un crayon, avez-vous dit ? Je ne saisis pas. Que tente de me vendre cet homme? Un Book, acronyme de "Built-in Orderly Organized Knowledge" (tinyurl.com/3rqex23) ? Dois-je comprendre que cette "Liste d'Informations Véritablement Rangées Efficacement" est un... LIVRE ? Et qui plus est, dans son plus simple appareil ! Je ne me suis pas laissé démonter par le subterfuge et lui ai demandé : "C'est une version alpha ou bêta?"
J'AVOUE
être sidéré « par l'indifférence globale dans laquelle cette apocalypse a
lieu ", écrit-il. Et on est bien d'accord. Frédéric Beigbeder a beau
être l'énervant pipole que l'on sait, reconnaissons qu'il est l'un des rares
à en- trer en guerre contre le livre numérique (1), dont beaucoup dans
l'édition semblent penser qu'il n'est qu'un support en plus du papier, riche de
possibilités mais guère dangereux. Ses arguments? Le livre de papier est
unique, alors que les livres nu- mériques sont uniformes. « Pensez-vous
vraiment que l'acte de lire un livre en papier est le même que celui de cliquer
sur un écran tactile? " Le livre a un parfum. Le livre électronique ne
sent que le métal. Le papier donne un plaisir sensuel, et même plus: «
Lire un objet unique en tournant des pages réelles, c'est-à-dire en avançant
dans l'intrigue PHYSIQUEMENT
n'a absolument rien de commun avec le geste de glisser son index sur une surface
froide. » Lire sur papier est une conquête, pas seulement une distraction. «
Cet effort de déchiffrer un univers mental, plus personne ne va le faire avec
une tablette, car il y a bien trop de distractions, de tentations, entre les
mails, les tweets, les alertes Google, les demandes de faux amis sur Facebook.>>,
Comment ferons-nous quand nous serons tous atteints par le syndrome de
déconcentration qui touche de plus en plus d'utilisateurs d'ordinateur? Lire «
Guerre et paix » sur écran est impossible, mais il y a bien pire: « L'idée
qu'on ait envie d'écrire "Guerre et paix" pour un iPad, je ny crois
pas. "Au fond, l'inquiétude de Beigbeder, c'est que le livre numérique
finisse par tuer le roman. Et, si cela peut prendre du temps, un risque plus
imminent nous pend au nez: « A terme, le livre numérique, c'est évidemment la
mort des librairies, et tous ceux qui prétendent l'inverse sont des mythomanes.
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