Novellisation
Il
s'agit de faire un récit à partir d'un scénario ou d'une scène de
théâtre...
Exemple
à partir duquel tirer une nouvelle :
-
Je t'en ai trouvé un, moi.
- Un travail... où il s'agit d'écrire?
- Mais oui! Pas follement sexy, je reconnais, mais honnête. Et bien payé, vu
le temps que ça va te demander.
- Vas-y.
- Bon, tu ne vas pas commencer à râler...
- Vas-y, s'il te plaît!
- Il s'agit de faire une novellisation.
J'ai retenu un grognement, comprenant immédiatement ce dont il était question:
on vous donne le scénario d'un film qui va bientôt sortir et vous en tirez un
petit «roman», si le mot n'est pas exagéré, facile à lire, jetable et bien
présenté dans la plupart des grandes surfaces. Professionnellement parlant,
c'est le genre de corvée que l'on accepte parce qu'on n'a plus aucune estime
pour son propre talent ou lorsqu'on a atteint le fond et que le moindre dollar
est le bienvenu. Comme je répondais aux deux conditions, j'ai ravalé mon
humiliation:
- Le film, c'est quoi?
- Essaie de ne pas hurler, cette fois aussi. Un nouveau truc pour ados,
production New Line.
- Ça s'appelle comment?
- "Rien ne va plus".
Là, j'ai été obligé de grogner.
- Attends que je devine. C'est l'histoire de deux copains de lycée boutonneux,
seize ans, qui comprennent qu'ils n'ont plus d'autre choix que de perdre leur
virginité.
-
Bien vu. Sauf qu'ils en ont dix-sept.
- Attardés, en plus.
- Non, c'est très "in" de rester puceau, de nos jours. Surtout quand
on a un problème d'acné.
- Le nom des héros?
- Tu vas adorer: Chip et Chuck.
- On croirait un couple de castors dans une bédé. Et je parie que ça se situe
dans un univers suburbain d'une tragique banalité, genre Van Nuys ?
- Tu brûles: Orange County.
- Et l'un des deux a des pulsions de meurtre sangui- nolent, non?
- Non. Ce n'est pas Scream. Mais il y a quand même un rebondissement incroyable
dans l'intrigue, parce que la fille que Chip finit par sauter n'est autre que la
demi-sœur de Chuck.
- Dont le pauvre Chuck ne connaissait même pas l'existence.
- Dans le mille. Enfin, il se trouve qu'Avril...
- Elle s'appelle Avril, la demi-sœur?
- C'est ce genre de film, oui. Donc, Avril est le fruit du coup que le père de
Chuck, divorcé, a tiré avec sa dentiste sans en parler à personne.
- Très XVIIe siècle, tout ça.
- Ah non! Ç'aurait été le cas si c'était Chuck qui avait sauté Avril. Comme
dans "Dommage
qu'elle soit une putain".
- Ah, tu me bluffles, là. j
- Ben quoi? John Ford a été l'un de mes premiers clients. Et je ne parle pas
de celui de la Femme sauvage.
- Donc c'est ça, le scénario en question?
- Ouais. En gros.
- C'est de la merde, Alison.
- Exactement. Mais ils proposent vingt-cinq mille pour l'adaptation littéraire.
A condition que ce soit prêt dans quinze jours.
- Je prends.
Tiré
de "Rien
ne va plus" de Douglas Kennedy, Ed. Belfond, p. 299 -300.
(A
la suite d'une machination, le héros est obligé d'accepter un tel travail pour
arriver à survivre...)
Votre
proposition ?
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