Le
manque de netteté des vitres, c'est le début de notre drame.
La
vitre est ouverte. Au loin, on entend sûrement le bruit des femmes pressées
et des hommes pressés de les rattraper. Hector, à son habitude, est
assis à lire une revue de décoration, il pense au mobilier de son salon
comme il pourrait penser à la rentrée scolaire de ses enfants s'il avait
eu le temps de procréer. Brigitte s'active dans son ménage, Hector relève
la tête, il quitte la revue. Brigitte est sur un escabeau en bois, ses
deux pieds ne sont pas positionnés sur la même marche, si bien que ses
mollets supportent deux poids différents; autrement dit, le premier
mollet sur la marche supérieure est d'une rondeur sans faille, alors que
le second demeure marqué par la nervure de l'effort. L'un est naïf,
l'autre sait. Après la vision de ses deux mollets, Hector remonte la
tête pour embrasser du regard les hanches de sa femme. On perçoit un
mouvement léger, des ondes régulières comme les calmes ressacs du soir,
et il suffit de relever davantage la tête pour comprendre le pourquoi de
ce mouvement. Brigitte nettoie les vitres. On ralentit. Brigitte nettoie
la partie supérieure des vitres.
C'est
du bon travail, et le soleil profite déjà premières brèches dues à la
propreté. Avec délicatesse, avec évidence dans le poignet, Brigitte
nettoie et traque les moindres traces sur les vitres; il faut ne plus rien
apercevoir, faire apparaître la transparence. Brigitte replace quelques mèches
de cheveux dans sa queue-de-cheval.
Hector n'a jamais rien vu d'aussi érotique.
Certes, son expérience matière d'érotisme ressemble au charisme d'une
fissure. Le salon se chauffe au soleil. Sentant un regard bloqué sur
elle, Brigitte se retourne pour vérifier : effectivement, son Hector de
mari a les yeux rivés sur elle. Elle ne peut pas voir à quel point il a
la gorge sèche. Et voilà, la vitre est propre.
Hector
vient de se confronter au bonheur, c'est aussi simple que ça. Il ne faut
surtout pas y voir une manifestation machiste, Hector est l'échantillon
le moins machiste qui soit, vous le savez. C'est juste que le bonheur ne
s'annonce jamais. Dans certaines histoires, il se manifeste au moment où
le chevalier sauve la princesse; ici, il surgit au moment où le héros
regarde l'héroïne laver les vitres.
Je
suis heureux, pensa Hector.
Et
cette pensée n'était pas près de le quitter.
(pages
85 et 86)
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commentaires ? |
bonjour Claude! J'ai lu ton retour sur le
3...
pour finir par une plaisanterie ; te
considéré comme le coq de la basse-cour n°1 est une énorme
erreur d'appréciation: il y a longtemps que poules qui
ont des dents de ce groupe t'auraient voler dans les plumes! Amitiés
Cath (alias Bernadette, technicienne de
surface chez Valérie)
Bonjour Bernadette,
Je
te remercie de ton message, et je reconnais qu'un bon coup de balai
s'impose pour ramasser tous ces bouts de papier inutiles ou futiles qui
traînent un peu partout !
Le
ménage est une tâche de Sisyphe, qui ne se voit que lorsqu'il n'est
pas fait !
Et
la joyeuse pagaille que j'ai contribué à semer a du en énerver
certains.
En
tout cas j'y réfléchirais à deux fois avant de balancer des textes
sur les deux zateliers, tu as tout à fait raison, mais que faire contre
la vanité de l'écrivaillon de pacotille qui voudrait bien qu'on le
lise !!! Biz à toi, ton
modeste rôle est irremplaçable (;-))
PS
: Si cela entre aussi dans tes attributions, pourras-tu surveiller un
peu la basse-cour, afin que les quelques coqs présents ne soient pas
trop maltraité par les femelles en furie.
"Le
ménage est une tâche de Sisyphe, qui ne se voit que lorsqu'il n'est
pas fait !"
celle-là
je l'adore et je vais la placer quelque part sous les yeux de mon
compagnon qui n'est connaisseur dans ce domaine qu'en matière
d'insuffisance!!
les
toilettes c'est bien en général on est obligé de lire ce que l'on a
sous les yeux!
nous
sommes tous ici des écrivaillons de pacotille; mais de temps en temps
on se prend à rêver et c'est bien aussi continue tes sympathiques et
chaleureuse interventions.... et à bientôt pour ton prochain texte
je
retourne à mon ménage....j'ai encore les carreaux à faire... Car même
si la patronne est en fugue quelque part, je continue comme si elle
allait rentrer demain!!
Amitiés
Bernadette
"les
carreaux à faire"!!!
Est-ce une
allusion au roman de Foenkinos, "le potentiel érotique de ma
femme" ???
Me
voilà tout émoustillé !!! (;-o) Cloddy
j'adore
truffer mes écrits de références camouflées à des livres et des
auteurs...
Hector,
personnage absolument déjanté m'a beaucoup amusé.
j'aime
le style de Foenkinos qui me rappelle un peu celui de D. Pennac
un
petit extrait, comme ça , pour rire, d'un autre livre de lui :
"Cette
pensée m'angoisse, une ombre calme mais tenace. Je n'aime plus son
oreille. C'est énorme et faible comme une fissure. Comment continuer
? On ne peut décemment feindre de l'intérêt pour une oreille déchue.
Jusqu'ici je l'avais tant aimée, son oreille. Elle m'était devenue
sympathique après huit mois d'une liaison décente ; je l'avais même
léchée certains soirs. Elle me dégoûte maintenant avec toute son
idiote rondeur. "
Bonjour
Bernadette,
Voici
le texte auquel je pensais hier soir. Un petit régal! Non? Amitiés
Cloddy
jouissif
! on est dans la lignée du surréalisme belge! j'aime l'art de
"presser" une chose au limite de l'absurde pour essayer
d'en extraire le nectar..
tiens
je vais ressortir le livre de son étagère!!!
Amitiés
et bonne canicule! Cath
Fais
surtout attention aux regards alentour, quand tu monteras sur ton
escabeau !!!
moi je suis tranquille j'habite un
pigeonnier du 15ème dans un nid de verdure!!! à deux pas du
circuit des 24h
quant à mon compagnon, il aurait
tendance à s'évaporer quand je passe aux tâches ménagères
redoutant sans doute d'être mis à contribution malgré une légère
nostalgie des plaisirs ancillaires comme tout intellectuel qui
se respecte!! rires amicalement. Cath
Il faut lui faire réviser
Foenkinos, pour le rappeler à ces devoirs...
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