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Grammaire et linguistique

© Claude Danis

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Cours reçus en Français langue étrangère, dispensés par Monsieur Jean BUTIN, à l'Université de Saint-Etienne.

Syntaxe du Français – cours FLE – maîtrise

Examen de quelques exemples sur les adjectifs

     

 

‘curieux’

Avec un N[inanimé] et [-métap], position indifférente :

‘une histoire curieuse’ ou ‘une curieuse histoire’

Avec un N [+animé,+hum], sens différents :

‘un enfant curieux’ =  ‘un enfant qui fait preuve de curiosité’

‘un curieux enfant’ =  ‘un enfant étonnant, bizarre, qui attire la curiosité’

Opposition sémantique

‘léger’

Avec N[-animé], [-métap], sens concret :

‘un meuble léger’ ≠  ‘un meuble lourd’

Avec N[-animé], [+métap] :

‘un léger doute’ = un doute peu important’ ≠ ‘un doute sérieux’ = ‘un grand doute’

Il existe un moyen formel, l’examen des commutations : para-synonymes et antonymes.

‘fort’

N[-anim, +concret, -métap]

‘un alcool fort’ = ‘de haut degré’ ≠  ‘un alcool doux’

N[-anim, -concret,+métap]

‘une forte / grosse majorité’ ≠  ‘une faible majorité’

‘seul’

‘un seul enfant’ = ‘unique’    ‘plusieurs enfants’

‘un enfant seul’ = ‘isolé’

‘sale’

N[+animé,+métap]      à ante-posé    ‘une sale histoire’ =  ‘une mauvaise aventure’ 

‘un sale type’         =  ‘un homme méchant’

N[concret,-métap]       à  post-posé  ‘une histoire sale’ =  ‘une histoire salace’

‘un homme sale’   =  ‘un homme qui ne s’est pas lavé’

‘une chemise sale’                  

On doit vérifier le comportement de l’adjectif avec les traits :

Animé, humain, concret ou non, et ensuite, l’usage métaphorique ou non.

‘cher’

L’opposition sémantique apparaît en traduisant dans d’autres langues, et donne des difficultés si on consulte un dictionnaire : une ou deux entrées, informations de type sémantique…

De plus il y a des séries figées où on peut ajouter ‘très’ :

‘mon cher ami’,  ‘mon (très) cher collègue, ‘mes chers enfants’ (ante-position obligatoire), alors qu’on dit : ‘un être cher’, un ami très cher’, ‘une amie chère à mon cœur’…

‘ce cher N’ peut être sarcastique selon le contexte.

‘Monsieur et cher client’ : série figée du vocabulaire commercial : la date d’apparition de la série peut expliquer la position de l’adjectif.

Pour les N[-animé], et lorsqu’il y a commutation libre, l’emploi est non métaphorique et il est post-posé :                    ‘un livre très cher’ :

para-synonymes :         ‘coûteux, onéreux, dispendieux, hors de prix…’

antonymes :                  ‘pas cher, bon marché, économique’…

Donc :

Pour les N[-animé] :                toujours post-posé, non métaphorique, combinaisons libres.

Pour les N[animé, humain] :     ante ou post-posé, toujours au sens métaphorique affectif, toujours dans une série plus ou moins figée du code de politesse, indice d’un certain niveau de langue.

‘propre’

Dans le maquis des définitions du dictionnaire, on peut tirer :

‘en enfant propre’, ‘un travail propre, ‘un vêtement propre’ :

sens non métaphorique à post-posé

‘ce sont ses propres paroles’, ‘le miroir lui renvoie sa propre image’ :

associé à un possessif   à ante-posé et facultatif (renforcement du possessif).

‘strict’

Avec les N[animé, humain], toujours post-posé, non métaphorique :

‘un homme (très) strict’ = ‘qui ne laisse aucune liberté d’interprétation’

Pour les N[-animé], il y a trois emplois :

ante-posé, métaphorique, séries figées :

‘Une stricte obligation’, ‘un strict critère’, la stricte vérité’ = ‘rigoureuse’

post-position, non métaphorique : ‘une tenue stricte’ = ‘sans aucune négligence’

post-posé, métaphorique dans des séries figées : ‘au sens strict’ =  ‘au sens étroit ou complet’:

 ‘c’est son droit le plus strict’  

’pur’

Avec les N[animé, humain], toujours post-posé, non métaphorique, sens non concret :

‘une jeune fille pure’, ‘un cœur pur’      = ‘qui n’a rien de bas’

Pour les N[-animé], post-posé, sens concret, non métaphorique :

‘une eau pure’, ‘du vin pur’, ‘un diamant pur’ =  ‘sans corps étranger’

Séries figées : ante-posé, sans adverbe de degré, emploi métaphorique :

‘c’est la pure vérité’, ‘un pur hasard’, ‘de pure forme’

Conclusion

On voit l’importance des traits sémantico-syntaxiques du nom[animé, humain] ou [-animé],

et qu’on peut opposer les combinaisons libres qui obéissent aux règles de la langue, et les séries figées ou lexicalisées, qui n’admettent pas, en général, d’adverbe de degré, pas de choix du déterminant dans le GN, et n’offrent pas la possibilité de commutations avec des para-synonymes ou des antonymes.

De plus l’emploi, métaphorique ou non, avec les N[animé, humain] ou [-animé].ne conduit pas à une position définie, mais à inverser la position ‘normale’ de l’adjectif, qui correspond à l’emploi non métaphorique.

Les phénomènes de translation

Il y a translation quand un ‘mot’ change de statut syntaxique dans un contexte donné.

La translation peut être marquée lexicalement ou non

Translation non marquée ou dérivation impropre

On parle de translation quand un mot change de ‘catégorie’ et elle est non marquée si le mot garde son orthographe.

Par exemple : les ‘adjectifs de couleur’ dérivés de noms :

‘une robe bleue’           à ‘le bleu du ciel’

ou ‘un marron’             à  ‘une peinture marron’

‘la terre de Sienne’       à ‘couleur terre de sienne brûlée’

De même avec les styles de meuble : ‘un bureau empire’

On a des translations à partir d’expressions comme :

‘un je ne sais quoi’, ‘un presque rien’, ‘un rien du tout’ …

qui prennent le statut de nom.

 

Un SN qui perd son déterminant, acquiert un statut adjectival, c’est à dire la capacité de fonctionner à droite du nom dans le GN :

‘la rue Victor Hugo’, ‘la tour Eiffel’ (en GT, on parle ‘d’apposition’)

Remarque :

On retrouve l’opposition N[autodéterminés] : ‘rue La Boëtie’, ‘avenue Montaigne’, ‘cours Gambetta’

et N[-déterminés]  : ‘rue de la Libération’, ‘place du Marché’

Cependant, on dit : ‘rue de Moscou’, ‘avenue de Paris’

Mais on dit : ‘le Rhône’ et non *’le fleuve Rhône’ ou *le fleuve du Rhône’. La translation est impossible.

Dans d’autres langues, le nom du fleuve peut être transféré en adjectif : ‘the river Thames’

La translation marquée

Elle se fait par dérivation par suffixe ou par préposition (de l’école) :

‘la cantine de l’école’ ou  ‘la cantine scolaire’

 

On peut avoir des translations successives :

‘un café avec de la crème’       à ‘un café crème’       à ‘un crème’

         nom        à              adjectif       à        nom

‘le chemin de fer métropolitain’            à ‘le métro’

adjectif de relation        à      nom

‘une voiture automobile’           à  ‘une automobile’    à  ‘une auto’

              adjectif composé        à           nom              à          nom (issu d’un préfixe)

En résumé, on peut avoir :

Catégorie 1                  à        catégorie 2   ou    sous-catégorie 1 à sous-syntagme 2

Syntagme                     à        |  adjectif

Enoncé            à        |   ou nom                                ‘un beaujolais’

Syntagme prépositionnel à     |                                              ‘un tartuffe’

                                                           (voir L. Tesnière, éléments de syntaxe structurelle)

 

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