Propos recueillis par Natacha Polony
03/09/2009 dans http://www.lefigaro.fr/actualite-france/...php
Pour le linguiste Alain Bentolila, un allègement des règles céderait à la
démagogie.
Spécialiste de l'apprentissage du vocabulaire et de la grammaire, Alain
Bentolila est l'auteur du Verbe contre la barbarie.
LE FIGARO - Que pensez-vous de l'appel lancé par François de Closets pour
une simplification de l'orthographe ?
Alain BENTOLILA - Il est dommage que pour des raisons démagogiques, quelqu'un
comme lui se lance dans ce combat. Il faut au préalable distinguer orthographe
usuelle et orthographe grammaticale. Tout le monde parle de simplifier
l'orthographe, mais ce faisant, on mélange tout. Il est hors de question de
simplifier la grammaire, car elle traduit la façon de penser la langue.
Accorder des participes, conjuguer correctement un verbe sont des processus
fondamentaux. Ils donnent à voir que tel verbe va avec tel sujet, que c'est
bien celui-ci qui agit et non un autre, qu'un pronom est d'un genre particulier
parce qu'il se rapporte à tel nom, que « laquelle » renvoie à Sophie et non
à « Pierre ». Celui qui ne maîtrise pas ça ne parvient pas à structurer le
monde et ses catégories. Ce qui transparaît à travers l'orthographe
grammaticale est la clarté de la pensée. On ne simplifie pas la puissance de
la pensée mise en mots.
Alain Bentolila : «Toute variation de l'orthographe doit être détachée de
l'oral»
François de Closets parle de l'injustice qui frappe ceux qui ne sont pas doués
d'une bonne mémoire visuelle.
C'est une bêtise. Simplifier l'orthographe usuelle, la façon dont s'écrivent
les mots, c'est rêver d'une coïncidence parfaite entre le son et la lettre.
Cette correspondance est déjà de 85 % dans la langue française (elle est de
95 % en espagnol ou en italien et de 60 % en anglais). Il existe une façon de
faire correspondre parfaitement la lettre et le son : c'est d'employer
l'alphabet phonétique international. Mais ça ne garantit nullement que l'on
comprenne ce que l'on retranscrit.
Quel est l'enjeu d'une réforme ?
L'écriture est la sagesse de la langue, elle est ce qui transcende le temps, ce
qui permet de transmettre à des siècles d'intervalle, de lier les
générations et les cultures. Il faut que toute variation de l'orthographe soit
une variation apaisée et détachée de l'oral.
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Extraits
Pour corriger des copies
de philosophie de classes terminales à longueur d’année depuis dix ans, je
peux témoigner du fait que l’orthographe est loin de constituer le plus grave
défaut de la production écrite des élèves d’aujourd’hui : ce qui est
bien plus préoccupant et plus difficile à corriger, ce sont les difficultés
dans la construction des phrases, le manque de richesse et de précision
lexicale et grammaticale, et les problèmes concernant l’élaboration de
développements structurés d’une certaine longueur et ampleur. De même, on
peut penser que si, comme l’affirme l’article du Monde, lui-même dans un
style peu soutenu, les entreprises « en ont soupé de ces jeunes cadres
incapables de rédiger le moindre rapport ou courriel dans un français correct
», leurs griefs ne portent pas seulement ni même d’abord sur les fautes d’orthographe
en tant que telles mais plus globalement sur la maîtrise des possibilités d’expression
écrites dans leur ensemble : un « français correct » ne se résume
évidemment pas à des mots bien orthographiés... La clarté de l’expression,
la richesse de la construction, la précision du vocabulaire, etc. comptent
en effet plus que la pure rectitude orthographique, qui n’a pas ou peu d’effets
de sens très marqués sur le texte écrit.
Or, il est
particulièrement clair que la « peudo-écriture des textos » ne souffre pas
au premier chef, ni même au second, d’incorrection orthographique mais de
défauts bien plus profonds et multiples. De même, ce que l’on peut appeler
la « complexité » d’une pensée ne tient pratiquement en rien à sa
rectitude orthographique !
Au delà, il est possible
soutenir que la mauvaise maîtrise de la langue ne se manifeste pas uniquement
au niveau de la langue écrite – seule concernée, rappelons-le, par la notion
d’ortho-graphe - mais aussi voire d’abord au niveau de la langue parlée,
même si les effets y sont peut-être moins immédiatement perceptibles : si,
par exemple, des fautes d’accord[15] sont commises en grand nombre dans les
copies d’élèves, ces erreurs n’ont rien de propre à l’écrit – et ne
doivent donc rien à « ce sentiment d'insécurité face à une orthographe
difficile, voire imprévisible » (sic !) ; elles sont ou seraient commises
aussi bien à l’oral, et sont simplement transposées à l’écrit...
Enfin, j’ajouterais,
dans la même perspective, que les difficultés de lecture de certains textes,
telles qu’on les rencontre également chez les élèves d’aujourd’hui, ne
sont probablement pas non plus produites en premier lieu par les subtilités et
irrégularités de l’orthographe française : ce sont là encore des
problèmes beaucoup plus larges et profonds, que les élèves rencontrent d’abord
face à des constructions syntaxiques élaborées, des subtilités dans l’usage
des temps et des modes, un vocabulaire particulièrement riche, etc... Ce n’est
pas seulement ni d’abord la maîtrise orthographique qui est devenue « l’apanage
d’une classe cultivée », elle-même de plus en réduite en tant que telle,
mais bien la maîtrise de la langue toute entière, sous sa forme « soutenue »
et même « correcte », écrite et même orale. De ce point du vue, une
réforme de l’orthographe me paraît tout simplement dérisoire...
09/02/2009 - 23:39 —
Julien Gautier in http://skhole.fr/critique-de-la-refome-de-l-orthographe...
Extrait du site reformeortografique.over-blog.com
Il y a vingt ans,
en 1988, dans son numéro 19, « l’Ecole libératrice » a publié
des témoignages sur la réforme de l’ortografe, une réforme
qui a, finalement, été chatrée pour devenir de simples « recommendations
» sans caractère obligatoire.
En voici un de ces témoignages :
« Quelle malédiction a donc frappé
le peuple le plus spirituel de la terre pour affliger sa langue d’une
orthographe si consternante, si rebelle à la logique et si hostile à
la règle ?
L’orthographe française semble issue en droite ligne du diabolique univers
Shadock dont le principe de base : « Pourquoi faire simple quand on
peut faire difficile, », est ici appliqué dans toutes sa rigueur…
Comment se peut-il que personne n’ait exprimé sa gêne devant le fait que tant
de gens cultivés, artistes, journalistes ou écrivains, ne puissent arriver
à rendre une copie sans fautes (dans les championnats Pivot) alors
que l’exercice consiste seulement à écrire des mots de sa langue
maternelle ? Que dirait-on si des mathématiciens (et des
scientifiques de haut niveau) n’arrivaient pas à calculer sans erreurs une
série d’additions et de substractions ?
Tournons nos regards vers les élèves, concernés en priorité, puisque étant
en première ligne. C’est finalement dans leurs rangs que la sagesse
a trouvé refuge. Dans leur grande majorité, ils éprouvent pour
l’orthographe un sentiment qui va de l’indifférence polie au mépris
le plus complet. »
A cela, il n’y a pratiquement rien
à ajouter, tellement c’est lucide. Sauf que la betise des maitres (et pas
seulement à l’école) fait payer très cher aux élèves leur « sagesse »
: humiliations, mépris, échecs scolaires, échecs sociaux, entre 5 et 6
millions d’illettrés.
Un autre témoignage : «Simplifier
l’orthographe apporte une amélioration notable à notre langue.»
La nouvèl norm ègzist (La
nouvelle norme existe), sinpl, klèr é présiz (simple, claire et précise :
l’ortograf altèrnativ (www.ortograf.net)
Par alter-ortograf
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Citations
"L'orthographe
est une invention complètement imbécile et ridicule. La perte de temps qu'elle
provoque est irrécupérable. Les règles d'accord sont encore plus difficiles
à apprendre que l'orthographe des mots elle-même. Le bon sens serait d'écrire
comme on prononce" Bérangère Hyordey, ancienne institutrice à
Villers-le-Lac.
"L'orthographe
est un cancer qui détruit notre école, notre jeunesse, notre langue, et notre
avenir dans le monde" Joseph Maire, Dijon
Dans
http://ortograf.fr/
Conclusion
provisoire, par Pierre Perret :
La réforme de
l’orthographe
Et quand malgré nos
vieux réflexes
On posera plus nos circonflexes
Sur « maitresse » et « enchainé »
On fera un drôle de nez !
Mais les générations
prochaines
Qui mettront plus d'accent à «chaînes »
Jugeront que leurs ainés
Les ont longtemps trainées
La réforme de l'orthographe
Contrarie les paléographes
Depuis qu'un « l » vient d'être ôté
À « imbécillité » !